Adieu McQueen

© Photo F. Guillot/AFP

McQueen est mort hier. Dans les heures qui ont suivi l’annonce de son probable suicide, dopée par la nécessité de réagir rapidement sur le site de L’Express Styles, je n’ai pas vraiment eu le temps de réfléchir à ce que sa disparition signifiait pour moi.

McQueen est mort hier. Dans les heures qui ont suivi l’annonce de son probable suicide, dopée par la nécessité de réagir rapidement sur le site de L’Express Styles, je n’ai pas vraiment eu le temps de réfléchir à ce que sa disparition signifiait pour moi. Ca n’est qu’en quittant le bureau que j’ai réalisé à quel point il m’avait marquée.

En octobre 2005, alors que je faisais mes tout premiers pas dans la mode, j’eus la chance d’assister à son défilé. J’ai encore l’invitation. Je ne suis pas très conservatrice, mais j’avais adoré la photo de Gerhard Klocker qui l’illustrait. Le corps d’une femme nue plongée dans un bain de lait, la poitrine offerte. J’en avais d’ailleurs parlé sur le blog. On se souvient toute sa vie de son premier vrai défilé.

Peu de créateurs m’ont autant touchée que McQueen. Sa vision de la femme me parlait. Il avait une façon unique de la magnifier tout en l’entravant. Qu’il l’imagine en guerrière arnachée de cuir tenant des loups en laisse (automne-hiver 2002-2003)…en danseuse à bout de souffle tout droit sortie d’On achève bien les chevaux (printemps-été 2004)… en écolière edwardienne coincée dans un jeu d’échecs (printemps-été 2005, photos Tom Wabe), la charge érotique dans laquelle il nous plongeait me donnait des frissons. Sous l’apparente froideur perçait le romantisme.

En 2007, Isabella Blow, l’excentrique icône de style britannique qui le soutenait depuis ses débuts, se suicida. Le 2 février, il perdit sa maman. On ne connaîtra peut-être jamais les causes exactes de son acte, mais on devine sans peine le choc que ces deux disparitions furent pour quelqu’un d’aussi fragile. « Si la mode n’est pas un art, ceux qui la font sont des artistes » dit souvent Pierre Bergé. Alexander McQueen en était un. Il me manque déjà.

Géraldine Dormoy

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