Azzedine Alaïa défile comme il l’entend (en images)

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Il le fait chez lui, au numéro 7 de la rue de Moussy, Paris, IV e arrondissement, dans l’intimité, en deux défilés qui comptent à peine 250 personnes, venues là un dimanche après-midi d’octobre, le 23, découvrir ce que l’homme éternellement en noir a taillé dans son atelier, des robes souvent, des vêtements pour rendre les femmes belles toujours…

La règle tacite veut que l’hystérie propre aux shows ne soit pas de mise ici, nul ne dégaine son smartphone, les amies fidèles sont là, on parle italien, il ne vient pas saluer après le show mais les coulisses sont grandes ouvertes, on peut si on le désire venir le féliciter, comment en serait-il autrement ? Il prend alors son petit air modeste où s’accroche un sourire qui en dit long, il écoute les compliments qui pleuvent, derrière lui deux grands miroirs rectangulaires renvoient les reflets de ce backstage si calme, celles qui le portent l’encensent, les autres aussi puis prennent la pose à ses côtés en penchant la tête vers la sienne, l’enlacement est de mise. Yumi, top belge définitivement en partance pour New York vient de défiler pour lui,  » c’est un grand honneur « , elle est encore en Alaïa, le chignon enserré dans un lien noir, ses yeux verts de chat disent le bonheur d’être ici, pour lui, mieux qu’un selfie, elle délie son mètre septante-huit à ses côtés, cela lui fera bien plus qu’un souvenir tout doux.

Il n’y en a guère plus, des créateurs comme lui, qui savent coudre et couper, ce n’est pas rien, qui manient le Zip, épousant les courbes des corps des femmes, de toutes les femmes, qu’il habille de robes faussement simples parce que parfaites. Son printemps-été 2017 ne dit pas autre chose : une manche bouffante, un biais, un volant, une ligne trapèze, une ceinture strassée, une transparence équilibrée, des superpositions qui se révèlent, laissant entrevoir sous une jupe un pantalon à pois et des sandales plates, à brides et à rivets qui donnent de l’allant, version ballerine.

Sous la verrière opaline, quatre rangées de chaises, cinq photographes et les invités assis en silence, on n’a jamais vu ça, Azzedine Alaïa est bien le dernier des Mohicans. Avec lui existe cet instant magique où les conversations se font muettes laissant la place à ce qui sera un défilé préparé avec exigence par le dernier des couturiers. Depuis plus d’un demi-siècle, il suit son instinct si sûr, ne sacrifie jamais aux modes et ne se refuse jamais ses variations sur un même thème, son favori, les robes trois trous, les jupes patineuses, l’esprit vestale, la mise en beauté sans esbroufe, il connaît sur le bout des doigts l’architecture du corps humain, féminin de préférence – sa manière de rendre grâce.

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