Belgian Fashion Awards: And the winner is…

Ce 16 novembre, Le Vif Weekend, Knack Weekend, Flanders DC et MAD récompensaient les talents de la mode belge, dans sept catégories différentes. Soit sept créateurs ou professionnels ayant été sous les feux de la rampe en 2017. Ils ont été élus par un jury de professionnels (*), dans le cadre des BFA, première initiative du genre d’envergure nationale. Ce qu’il faut savoir de nos lauréats.

Par Ellen De Wolf, Wim Denolf, Delphine Kindermans et Anne-Françoise Moyson

Jury Prize: Dries Van Noten

Belgian Fashion Awards: And the winner is...

« C’est un honneur et un plaisir de recevoir de mes pairs une telle reconnaissance et un tel encouragement. » Dries Van Noten

Avec un centième défilé parisien et un livre qui retrace ses cent shows sans aucune nostalgie, 2017 est l’année Dries Van Noten. D’autant plus que le créateur anversois a été anobli par le roi, il porte désormais le titre de baron. Il a en outre fait l’objet du documentaire titré Dries, signé par le réalisateur Reiner Holzemer qui dit de lui qu’il est « un esprit libre exceptionnellement talentueux qui parvient à habiller les gens non pas selon les règles des tendances mais selon leur propre personnalité. Dries est fidèle à lui-même et offre à chacun la liberté d’être soi. Rien que pour cela, il mérite ce prix. »

www.driesvannoten.be

Designer of the year: Raf Simons

Le designer belge Raf Simons.
Le designer belge Raf Simons.© AFP/François Guillot

Par Kaat Debo, directrice du ModeMuseum d’Anvers: « Raf Simons se distingue en tant que créateur belge dans des fonctions au sommet, auprès des plus grandes maisons de mode. Son atout majeur ? Même en travaillant pour des marques fortes, il arrive à conserver son ADN, tout en respectant celui de la griffe qui l’emploie ainsi que son héritage. Il sait comment rendre des labels historiques, à l’instar de Dior et Calvin Klein, pertinents dans le monde d’aujourd’hui. Avec son départ de chez Dior en 2015, il a envoyé un signal appuyé: la critique de la pression croissante dans l’industrie de la mode et du rythme effréné des collections est soudain réapparue. C’était courageux. Si sa nomination au poste de Chief Creative Officer en a surpris plus d’un, le Belge se rendait compte, lui, que c’était justement auprès d’un grand label mainstream américain comme Calvin Klein qu’il aurait vraiment un impact. Il a dit dans différentes interviews que c’était le bon moment pour s’exprimer publiquement sur la société contemporaine. C’est fantastique de voir à quel point il est conscient de la puissance de son message créatif et de la manière dont celui-ci peut encore prendre de l’ampleur. Ses premières collections pour ce label présentaient, sans détours, une étude de « l’identité américaine » et de la diversité au sein de cette société. Ce n’est pas surprenant car dans ses propres lignes déjà, l’identité tient le rôle principal. »

Belgian Fashion Awards: And the winner is...
© DR

Par Angelo Flaccavento, journaliste, curator, contributing editor au magazine The Business of Fashion: « La plus belle réussite de Raf Simons est sa capacité à fusionner la modernité avec la nostalgie et le romantisme. Il y a toujours dans son travail un désir pour ce passé proche d’une jeunesse à jamais disparue, la sienne, que ce soient les années 90 de Helmut Lang, dont il s’est clairement inspiré pour ses début chez Calvin Klein, ou des atmosphères à la Blade Runner pour les shows de son label en nom propre. Une telle approche – où la modernité et la nostalgie regardent dans des directions opposées – capture l’essence de notre époque troublée et instable. Je crois que, comme designer, Raf Simons est entré dans une phase maniériste, il s’auto-cite souvent. Ce serait intéressant dans le futur de le voir tester de nouveaux territoires avec l’acuité sans peur dont il fit preuve à ses débuts. »

Belgian Fashion Awards: And the winner is...
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Par Geert Bruloot, copropriétaire de la boutique de chaussures Coccodrillo à Anvers: « Je connais Raf Simons depuis longtemps, avant même qu’il ne fasse de la mode. C’est un créateur exceptionnel qui, de manière très conceptuelle, pense la mode d’aujourd’hui. Il est taraudé moins par le développement d’une nouvelle sorte de manche ou l’endroit où coudre une boutonnière que par la place de son secteur dans notre société et son paysage culturel. C’est aussi pour cela qu’il convient parfaitement pour diriger une grande maison comme Dior ou Calvin Klein. Il ne faut pas oublier que Raf a changé le dressing Homme dans les années 90. Parce qu’il fut tellement inspiré – et l’est toujours – par les subcultures, il a réussi à attirer une nouvelle clientèle, les kids. Il poursuit sa route, est toujours aussi curieux et capable de saisir l’esprit de la rue. C’est cela qui le rend unique. »

www.rafsimons.com

Emerging talent of the year: Façon Jacmin

Belgian Fashion Awards: And the winner is...
© DR

Qui ?

Alexandra et Ségolène Jacmin, jumelles dizygotes « très différentes, c’est pour ça qu’on est bien ensemble, on s’est toujours dit qu’il faudrait que l’on exploite cela ». La première a étudié à La Cambre mode(s) à Bruxelles et fait ses débuts chez Paule Ka, Martin Margiela et Jean Paul Gaultier, la seconde a décroché un diplôme d’ingénieur puis étudié à la Vlerick School à Gand.

Quoi ?

Au printemps 2016, elles lançaient officiellement leur label Façon Jacmin et une première ligne, quinze pièces en denim venu du Japon, revisitées en soie ou en popeline de coton, un vestiaire cohérent dans des nuances qui font envie, entièrement fabriqué en Europe, en Bulgarie. Depuis, la collection a grandi, avec jumpsuit, tuxedo, slim, robes, jupe, manteau et kimono de haut vol, totalement détachés de toute saison.

Pourquoi le denim ?

Parce que c’est « une matière durable teinte à l’indigo naturel qui s’embellit avec le temps ». Et pourquoi japonais ? Parce que « dotés d’un savoir-faire et d’un perfectionnisme sans égal, les ateliers de tissage locaux travaillent avec des systèmes élaborés d’épuration des eaux qui filtrent et recyclent à 99,9 % afin de ne pas rejeter les colorants dans les océans. »

Lire aussi: Quatre chose à savoir sur Façon Jacmin

Comment ? Alexandra et Ségolène Jacmin ont osé la boutique mobile. Dans leur camionnette antique, une Peugeot des années 80 qu’elles font stationner à Bruxelles et à Anvers deux week-ends par mois, elles vont à la rencontre de tous ceux que leur concept total jeans séduit. Depuis le 25 octobre dernier, elles ont inauguré leur studio, à Bruxelles. Une boutique/atelier/galerie appelée Denim Gallery, « un espace d’exposition, de travail et de voyage pour inciter à la découverte de l’histoire du denim japonais ». Le 14 décembre prochain, dans la salle de la délégation Wallonie-Bruxelles, au coeur de Saint-Germain-des-Prés, à Paris, avec la volonté de « décloisonner la mode en la mêlant à l’art et à la musique », Façon Jacmin présentera sa nouvelle capsule brodée artisanalement et inspirée par les mosaïques du Moyen-Orient et les oeuvres de Serge Poliakoff.

Denim Gallery, 67, rue du Fort, à 1060 Bruxelles. Boutique mobile à Bruxelles et Anvers, de mars à octobre, 2 week-ends par mois. De novembre à février, événements privés à découvrir sur le site www.faconjacmin.com

Professional of the year: Inge Grognard

Make-up artist connue pour son regard sombre et subversif sur la beauté.

Entame sa carrière dans les années 80, aux côtés des Six d’Anvers. En oeuvrant sur leurs défilés et leurs campagnes, elle joue d’emblée un rôle important dans la construction de l’image de ces jeunes créateurs issus de l’Académie royale des beaux-arts d’Anvers. Son premier job comme make-up artist ? Un projet scolaire de Martin Margiela, le début d’une collaboration étroite qui durera plus de vingt ans et qui influencera la seconde génération de la mode belge, de Raf Simons à A.F. Vandevorst.

Travaille avec Rick Owens, Emilio Pucci, Vetements, Balenciaga et Chanel, notamment. Est publiée dans les magazines de mode internationaux les plus pointus.

Mariée à Ronald Stoops, photographe. A deux, ils élaborent régulièrement des projets singuliers et expérimentaux. En 2010, ils publient une anthologie de leurs complicités artistiques. Cette année, elle a été reprise parmi les 500 personnalités les plus influentes de la mode par le magazine online Business of Fashion, qui a valeur de référence dans le milieu.

www.ingegrognard.com

1.0Today in Antwerpingegrognardhttps://www.instagram.com/ingegrognard7386946371634958429720369846_738694637Instagramhttps://www.instagram.comrich658

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Entrepreneur of the year: Anton Janssens et Raf Maes de Komono

Petit cours d’entrepreneuriat, signé Anton Janssens, cofondateur de la marque: La croissance ne peut pas être forcée

« Depuis sa création en 2009, Komono a une stratégie claire de croissance. Dans ce contexte, nous avons lancé notre collection optique en 2017 et ouvert des flagship stores à Anvers et Bruxelles. Nous savons aussi où nous voulons être d’ici deux ou cinq ans. Je ne crois pas en la croissance sans fondement. Vous ne pouvez vous concentrer sur elle qu’une fois que votre marque a des racines, et ce à tous niveaux. Cela prend du temps. Elle ne doit donc pas être une fin en soi, mais doit s’inscrire dans une vision plus large, à plus long terme. »

Garder les rênes entre vos mains

« Les partenaires externes et les conseillers peuvent être très précieux, mais en tant qu’entrepreneur, vous devez savoir de A à Z ce que vous faites. Cela ne fonctionne que lorsque vous êtes les mains dans le cambouis, que vous gérez et faites le suivi de tous les aspects de l’entreprise autant que possible. Nous avons ainsi vraiment travaillé dans la production de montres et de lunettes, nous visitons régulièrement l’assemblage de nos produits en Chine et nous suivons également la distribution. Un job très intensif, mais c’est le seul moyen de surveiller la qualité et de garder une image cohérente dans le monde entier. C’est ma nature, j’ai un peu peur de collaborer avec quelqu’un sans savoir ce qui se passe vraiment. »

Faire des erreurs

« L’entrepreneuriat est une école d’apprentissage permanente, une grande partie de ce que nous faisons est basée sur l’innovation. Il faut être en mesure de faire des erreurs et de se rattraper. Sinon cela ne fonctionne pas et l’on risque alors de ne pas relever les défis. Il faut également savoir tirer des leçons. C’est mon mantra: oser sortir de sa zone de confort et prendre des risques et, si nécessaire, faire des erreurs, mais les analyser et apprendre de celles-ci. »

www.komono.com

Komono, un label belge à L.A.
Komono, un label belge à L.A.© javier barcala / sdp

Most promising graduate: Rushemy Botter

Par Katarina Van Den Bossche, professeur (en bachelor) à l’Académie royale des beaux-arts d’Anvers où il a terminé ses études en juin dernier: « Pour moi, ce fut très vite évident que Rushemy aimait les défis. En deuxième année, les étudiants doivent travailler sur les costumes historiques. Il avait opté pour une vieille combinaison de plongée, avec casque en métal et lourdes chaussures en plomb – un choix atypique et un challenge technique qui ne lui faisait pas peur. Il a contacté des clubs et des professionnels qui connaissent ce genre de matériel, il a cette ouverture d’esprit et cette capacité à oeuvrer avec d’autres. S’il doit développer un chapeau, il ira trouver le bon modiste. Il sait aussi rapidement passer de la recherche au développement, alors que pour certains, il est parfois difficile de traduire des explorations en collection. Fish or fight, sa collection de fin d’études, l’illustre parfaitement. On comprend directement les références à Curaçao, ses racines et le clash culturel vécu chez nous par ceux qui ont quitté les Caraïbes. Avec ce créateur talentueux, surtout s’il est bien entouré, tout est possible.

@rushemybotter

1.0BOTTER SPRING SUMMER 18 MEN’S LOOKBOOK Head of Atelier @lisiherrebrugh
Photography @beridalgali
Model @ragiino wearing ‘Blue Silk Parka’rushemybotterhttps://www.instagram.com/rushemybotter4293829861632888920658405341_429382986Instagramhttps://www.instagram.comrich658

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Fashion brand of the year: Marie Jo

La marque du groupe Van de Velde prouve qu’on peut avoir un riche passé, un bel avenir et être en phase avec les attentes actuelles des femmes. En 1919, Margaretha et Achiel Van de Velde ouvrent, à Schellebelle (Flandre-Orientale), un atelier de confection, spécialisé dans les corsets. En 1981, la troisième génération baptise enfin sa lingerie : elle s’appellera dorénavant Marie Jolie, pour se muer très vite en Marie Jo. Seize ans plus tard, elle se dotera d’une deuxième ligne, Marie Jo L’Aventure, qui joue la carte minimaliste. Pour la catégorie Fashion brand of the year, plus de 25 000 lecteurs du Vif Weekend et de Knack Weekend ont, via les sites des magazines, exprimé leur voix afin d’élire leur label favori, sélectionné parmi une trentaine de marques belges s’étant distinguées en 2017. Marie Jo a remporté les suffrages haut la main.

www.mariejo.com

1.0For women who are always on the move.

#mariejo #lingerie #everydayheroinesmariejolingeriehttps://www.instagram.com/mariejolingerie12156546631648680603867321356_1215654663Instagramhttps://www.instagram.comrich658

For women who are always on the move. #mariejo #lingerie #everydayheroines

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Sous un oeil expert

Le jury de cette première édition des Belgian Fashion Awards était constitué de représentants de Flanders DC (Nathalie De Schepper et Ann Claes), du MAD (Elke Timmerman et Alexandra Lambert), des journalistes mode (Anne-Françoise Moyson, Ellen De Wolf) et des rédactrices en chef (Delphine Kindermans et Ruth Goossens) du Vif Weekend et de Knack Weekend, ainsi que de personnalités influentes dans le secteur : des acheteurs internationaux (Pascaline Smets, Aude Gribomont et Geert Bruloot), un international fashion editor (Angelo Flaccavento), la fondatrice de The Fabric Sales et AMG suits Allison Mc Greal) et la curatrice du MoMu (Elisa De Wyngaert). Un award a par ailleurs été dessiné pour cette occasion par le collectif Unfold, notre Designer de l’Année 2017.

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© Belgian Fashion Awards

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