Boyd Gates, portrait touché du mannequin belge que la mode s’arrache

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En juin dernier, Boyd Gates défilait pour les plus grands labels Homme, tombés sous le charme. Il a juste 17 ans, est bruxellois et mannequin par hasard. Ce qui ne dit rien de son essence.

Boyd Gates, portrait touché du mannequin belge que la mode s'arrache
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Il était un peu nerveux – la veille, il avait eu droit à son premier fitting, pour « essayage », dans le jargon de la mode, on l’avait prévenu, il ne devait adresser la parole à madame Prada que si elle lui parlait, il se l’était tenu pour dit, il était minuit, il attendait son tour depuis le matin. Avec les autres garçons, ils avaient improvisé une partie de poker, en guise de jetons bricolés des morceaux de papier, la débrouille cool, il avait appris à tuer le temps.

C’était donc le jour J, ce 21 juin dernier, Boyd Gates, à peine 17 ans, allait défiler pour la première fois, à Milan, durant la Fashion Week, collection Homme printemps-été 2016. Avant de s’élancer sur le podium, on lui avait soufflé deux petites phrases qui tenaient lieu d’encouragement, voire d’adoubement, « tout va bien se passer, ne t’inquiète pas » ; il avait marché, vite, comme on le lui avait intimé, sans se laisser distraire par le public ni par le décor époustouflant signé Rem Koolhaas, le stress avait disparu comme par enchantement dès qu’il était entré dans l’arène, il avait fait son job de « new face », et puis voilà.

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Boyd a désormais huit shows à son actif, dont Prada en exclusivité, Louis Vuitton en semi-exclusivité, Dries Van Noten, Berluti, Juun.J, 22/4, Dior Homme et Hermès, précision pour ceux qui n’en touchent pas une : c’est mieux qu’un beau début. Il a cette élégance naturelle des très jeunes gens que rien n’entache, surtout pas les critères de beauté codifiés par la société des adultes ni par la sphère fashion formatée. Il trouve même ça « bizarre », un métier qui tourne autour de ce concept-là, qui sommes-nous pour « définir le physique des gens » ? Le sien a tapé dans l’oeil d’une « scout » de Dominique Models. « Je me promenais Porte de Namur, à Bruxelles, c’était à Pâques, l’année dernière, une dame m’a abordé et m’a proposé de passer à l’agence », raconte-t-il.

Il ignore alors tout de la profession, sauf que « ça gagne beaucoup d’argent ». Mais il a encore des traces d’enfance sur le visage, autrement dit, il n’a « pas les joues assez creuses », on lui demande donc de revenir dans quelques mois. Après ses examens, il n’y songe plus, la faute au festival Couleur Café, aux vacances, aux potes, jusqu’à ce que l’agence le rappelle. Il ne sait pas qu’elle a lancé avec succès Hanne Gaby, Elise Crombez, Yumi, Marine Deleeuw et Cesar Casier, il n’a même jamais entendu ces noms, c’est dire le superbe détachement dont il fait preuve, par-devers soi, on pensera que Boyd a bien raison, que c’est drôlement sain. Il n’en connaît qu’une, de top, et juste par ouï-dire, c’est Cara Delevingne, « parce que c’est la préférée de Rebecca », son amoureuse.

Il y eut d’abord un premier test shoot, à la mer du Nord, il faisait froid, c’était en novembre, sur la plage, « je devais jouer à être un Russe perdu au milieu de rien ». Puis, en avril dernier, une semaine à Paris, organisée par son agence française 16Men models, où il découvre les castings, l’appartement à partager avec deux gars comme lui, le métro qui le débarque ici et là où se présenter avec son book, il en garde un bon souvenir – l’apprentissage de l’autonomie, ce n’est pas rien à son âge.

Boyd Gates, portrait touché du mannequin belge que la mode s'arrache
© Jeffrey Callant

Et puis, les Fashion Weeks, la milanaise et la parisienne, se sont enchaînées, il a traversé ça avec un naturel lumineux, il n’ignore pas que la mode est une ogresse, qu’il lui faut sans cesse de la chair fraîche, « je sais, si cela peut fonctionner tant mieux, et si non, ce n’est pas grave en soi ». Il a pour lui de n’avoir jamais rêvé d’être mannequin, mais comme son père oui – « quand j’étais petit, je me disais toujours que j’allais devenir le nouveau patron de PIAS quand il arrêterait, mais finalement cela ne me tente pas, cela a l’air trop stressant, il faut savoir imposer ses décisions et avoir une force de caractère que je n’ai pas. » On appelle ça un hommage, non ?

Si Boyd porte de préférence les tee-shirts paternels « tout usés » et à l’effigie des Pixies ou de Jurassic 5, ce n’est pas pour faire le malin, mais parce que c’est la musique qu’il écoute quand il ne lit pas Terry Goodkind et son Epée de vérité, il en est au tome 7. Il n’aurait jamais cru être ainsi emporté par la high fantasy, ça le fait marrer aujourd’hui mais à 6 ans, il était allé voir Le seigneur des anneaux au cinéma, il avait dû sortir de la salle parce qu’il avait « trop peur de Gollum ». C’est l’histoire d’un jeune homme qui, du haut de son mètre quatre-vingt-neuf, tend la main au petit garçon qu’il était.

Voir aussi >>> Boyd Gates, l’un des 16 mannequins qui comptent selon le Vogue Homme International, du 16 septembre 2015

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