Défilés Eté 2009 à Paris : Chanel, Vuitton, Hermès, Saint Laurent

Retour sur les moments forts des grandes griffes qui ont défilé ce week-end à Paris.

Que serait Paris sans Chanel, Dior, Vuitton ou Saint Laurent ? A l’heure du baisser de rideau, retour sur les moments forts des grandes griffes qui défilaient dans la Ville Lumière.

Du temps de Mademoiselle, les clientes assistaient aux défilés au 31 de la rue Cambon. Pour le printemps 09, Karl Lagerfeld, directeur artistique de Chanel, a recréé l’enseigne historique au Grand Palais, résidence secondaire de la maison depuis plusieurs saisons. Et le public s’étend, cela va de soi, bien au-delà des acheteurs. Au premier rang, comme toujours, Bernadette Chirac, Claudia Schiffer – comme toujours aussi, elle « adoooore Chanel » – ou encore Mila Jovovich. Les mannequins, elles, franchissent la porte vitrée de la boutique puis arpentent la rue clonée au son de « Our House », de Madness. L’heure est décidément à l’affirmation de l’identité de la griffe, comme le confirme la première partie de la collection : tailleurs noirs, cols blancs, vestes courtes, petites robes déclinées dans un élégant camaïeu de roses poudre, dragée ou chair. Le tweed est lui aussi présent, tantôt en version irisée, tantôt simplement évoqué à travers un manteau noir vernis dont les découpes dessinent des carreaux. Jusqu’aux accessoires, dont ces shopping bags de cuir calqués sur les sacs de papiers délivrés aux clientes, tout est fait pour mettre en avant les codes d’une marque qui continue à afficher une santé financière insolente, récession ou pas. La deuxième partie du show met en scène de longues robes et des boléros aux accents gipsy. On ne peut s’empêcher de se demander qui aura envie de porter cette cascade de lurex aux reflets roses et verts, même si on sourit à la vision du sac matelassé « housse de guitare ».

Chez Valentino, Alessandra Facchinetti cherche elle aussi à s’inscrire dans l’ADN de la marque dont elle a repris la direction artistique suite au départ du maestro, mais semble peiner à mener à bien cette mission d’envergure. Certes, les drapés sont présents, mais les modèles, trop sages dans leur ensemble, auront sans doute du mal à convaincre l’extravagante cliente de la maison romaine. A tel point que la rumeur évoque un départ imminent de la créatrice à la tête de la griffe romaine. Dans la liste des possibles successeurs, le nom de Giambattista Valli figure en première ligne.

Riccardo Tisci, lui, s’éloigne délibérément de l’ADN de Givenchy. Certes, on retient de très belles robes noires à découpe translucide laissant deviner la peau, d’élégantes vestes cintrées à longs pans ou une association lumineuse de tulle beige et jaune paille festonné en volutes. Mais les leggins à empiècement denim et les blousons de cuir blanc laqué semblent décidément trop éloignés de l’élégance chère à Hubert de Givenchy…

La collection printemps 09 d’Yves Saint Laurent s’affranchit elle aussi des codes maison, un peu comme si le décès du couturier avait libéré Stefano Pilati, son directeur artistique, de l’ombre du Commandeur. Si la saison précédente affirmait un parti pris fort, tout se dessine cette fois-ci dans la subtilité. Même les influences japonisantes revendiquées par Pilati n’apparaissent qu’en filigrane, dans une manche ou une veste kimono. La pièce maîtresse de ce printemps : le sarouel, décliné en bermuda, accompagné d’un bustier ou d’une sublime veste de smoking. L’esprit Saint Laurent est là, mais sensuel, raffiné et précieux plutôt qu’ostentatoire.

De prime abord, faire défiler la vénérable institution Hermès en plein désert mexicain, cactus et catwalk recouvert de sable inclus, pourrait paraître irrévérencieux. Mais au final, quoi de plus logique, pour une maison qui brandit son passé de sellier comme un étendard, que de s’adresser à la cow girl qui sommeille en nous ? Stetson sur la tête, cigare à la main, longue chemise blanche façon poncho et jupe de peau, c’est une Calamity Jane ultra chic qui prend le podium d’assaut. Naomi Campbell et Stephanie Seymour, sourire aux lèvres, jouent le jeu à fond : visiblement, ce retour momentané sur les podiums les amuse. Et si la tendance est incontestablement aux franges cette saison, c’est sous la patte de Jean Paul Gaultier, responsable de la création pour la griffe, qu’elle est traduite de manière la plus littérale. A côté du cuir beige, du noir et du blanc, on note aussi des tons tabac ou bleu nuit et une succession de rayures indiennes pour de belles robes fluides à l’épaule dégagée.

Lundi dernier, sous la tente installée dans le Jardin des Tulleries, John Galliano faisait défiler pour Dior du python noir ou du croco blanc, des jupes boule, des shorts et des corsets inspirés de la lingerie. Sans oublier l’indétrônable mousseline léopard, qui parvient à s’imposer même dans une collection qui fait la part belle aux couleurs flashy avec du jaune d’or, de l’orange, du rouge ou du rose shoking. Qu’on aime ou pas le côté clinquant de la mode selon Dior, on ne peut contester le sens du show dont fait preuve son extravagant chef d’orchestre. A y regarder plus dans le détail, on note aussi un très beau travail sur l’épaule, tout en rondeur, ou sur le col, construit comme une superposition d’angles.

Hier après-midi, Louis Vuitton défilait à quelques encablures de là, dans la cour du Louvre. Sur les airs d’Edith Piaf, la foule s’est laissé emporter. Et même subjuguer par la richesse de cette collection, qui compte sans doute parmi les plus flamboyantes qu’ait dessinées Marc Jacobs pour la griffe au monogramme. Beaucoup de noir, des silhouettes racées à la taille marquée, des détails dorés, des plastrons travaillés comme des bijoux et même des plumes orange ou jaune – décidément couleurs phare de la saison. Un peu de violet, aussi, parfois proposé en larges rayures contrastées. Un spectacle total, émouvant et impressionnant. Merci Paris !

Delphine Kindermans

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