Défilés Milan Eté 2009 : l’art et la matière

A Milan, la mode et l’art sont intimement liés. La preuve en trois défilés.

De notre envoyée spéciale à Milan

A Milan, si la mode est partout, l’art n’est jamais bien loin non plus. Et quand les deux se rencontrent, le spectacle est total. Démonstration par trois créateurs aux inspirations très différentes qui défilaient ce mercredi dans la capitale italienne de la mode.

Antonio Marras, visiblement sous le charme de Camille Claudel, entend lui rendre hommage. L’invitation au défilé donne le ton : portrait de la sculptrice française et mini boîte à musique, fixée sur le carton, qui chantonne Au clair de la lune mais surtout Ouvre moi la porte, pour l’amour de Dieu, référence aux trente années d’internement subies par l’ex-maîtresse de Rodin.

Les lumières s’éteignent, le rideau se lève sur un atelier d’artiste, les premières silhouettes apparaissent sur le catwalk. Quand une voix off lit des passages de la correspondance de Claudel avec son psychiatre, on se demande si Antonio Marras n’en fait pas un peu trop, mais on ne peut s’empêcher d’être touché par la poésie qui se dégage du tableau. D’autres sont moins tendres : à la fin du show, Hilary Alexander, fashion director du Daily Telegraph et autorité dans le milieu, a trouvé la mise en scène « ridiculous, just ridiculous »… Reste que la collection elle-même, avec ses nuances argile, ses silhouettes sculpturales et fluides à la fois et ses contrastes entre douceur et rigidité, est plutôt réussie.

Un peu plus tôt dans la journée, Marni présentait un opus printemps-été 09 sous influences pop art. C’est plus particulièrement l’oeuvre de Peter Blake qui nourrit la collection, même si la référence à l’artiste est nettement plus subtile que chez Marras. Ici, la palette est faite de couleurs acides, voire fluo, les points XXL et les lignes s’entrechoquent, au même titre que la soie et les matières techniques. Pour ce qui est des formes, la griffe démontre une fois de plus sa parfaite maîtrise de la structure du vêtement. Un sans faute longuement applaudi.

Chez Iceberg, l’accent est lui aussi mis sur les volumes : épaules gonflées, jambes moulées dans des leggings en élastane plissé et talons vertigineux, pour allonger encore les silhouettes déjà longilignes. Les robes du soir, brodées à la main, sont taillées dans des matériaux high tech tandis que les jumpsuits et les vestes en tissu métallisé laqué sont inspirées par le travail du sulfureux Jeff Koons, dont la série Made in Heaven amène le spectateur à se faire le miroir des ébats sexuels de l’artiste. Rien de graveleux dans cette collection cependant : inspiration n’est pas transcription, la mode nous en a fait ce mercredi la démonstration magistrale.

Delphine Kindermans

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