Delvaux, Céline, Hermès, Kenzo, Paris défile

La journée du sac. Un dimanche comme un autre, enfin pas tout à fait, et si on le plaçait sous le signe du sac ? A vos marques…

Chez Delvaux, au Théâtre du Chatelet, quatrièmeétage, salon Nijinski. Les très anciennes malles de la plus vieille maroquinerie du monde (fondée en 1829) servent de présentoir à la nouvelle collection dessinée par Véronique Branquinho, qui a l’air heureuse et sereine, tant mieux. Entre Allure, Frisson, Signature, Amazone et 24 heures. Autant de sacs qui magnifient le savoir-faire des artisans de l’Arsenal. Et qui disent combien la créatrice a trouvé un ton, une liberté pour penser à rendre la vie des femmes plus douce, voire plus belle. Merci à elle.

Chez Céline, au Tennis Club de Paris, avec luminaires Art Déco à tomber surplombant un parquet à chevrons et des gradins tendus de gris. La ligne claire selon Phoebe Philo. Tout est rigoureux, les cols cheminée blancs qui dépassent sagement des tops, la robe parfaite, avec pinces là où il faut, le manteau safran, le pantalon droit fendu dans le bas, les imprimés  » noeud d’arbre « , le veston porté sur la fourrure grise, le bustier à la taille resserrée par un pli devant, les petits cartables A4 zippés et les sacs rigides portés à pleine main. La maîtrise plus que parfaite.

Chez Hermès, dans l’ex-piscine du Lutetia devenue sa magnifique boutique, rue de Sèvres, Paris 6ème. Christophe Lemaire réussit une première collection à couper le souffle. On reconnaît là l’épure de ses lignes et l’excellence d’Hermès. Un crescendo d’émotions. Qui débute en blanc, vire au gris, taupe, sépia, puis s’offre des imprimés  » Psyché  » et  » Brazil « , ose le gingembre, l’ocre brûlé, le fauve, le vermillon et puis chute sur un vert Bengale juste sublime. Voilà pour les couleurs. Il y a tant à dire encore, des volumes si précis, des matières rares et nobles, des détails somptueux, des attaches en os, corne ou cuir, des collants désirables, des pyjamas de soie délicatement boutonnés sur la cheville… Et les sacs ? Ici, un collier minaudière, là une pochette assortie, plus loin, un grand sac masculin. L’indispensable, en somme. Le début d’une nouvelle ère pour Hermès, en un sublime retour aux sources ultra contemporain.

Chez Kenzo, au Lycée Carnot, Paris 17. L’air embaume la nouvelle fragrance maison prévue pour septembre et baptisée  » Madly Kenzo « . Au bout de la cour de récréation, sous la verrière, un immense décor de roues de dentelle blanche qui bientôt se mettent à scintiller dans toutes les couleurs. Antonio Marras a fait un rêve, celui d’une fête, avec du monde qui  » y dansait, y discutait et y riait « , il y avait là Frida Kahlo et Diego Rivera,  » on y respirait un air de liberté révolutionnaire, on y flairait un parfum intense qui coupait le souffle « . Il les a convoqués, anges protecteurs d’une collection bigarrée où les imprimés en mousseline cumulent les motifs à fleurs, cachemire et rayures avec dentelle en cadeau. Ses belles, qu’il imagine  » à l’âme rebelle « , s’emparent de sacs pareils à leur manteau de fourrure ou dans le même ton qu’une tunique en maille glissée sur une jupe vaporeuse. Que viva Kenzo, même en santiags cloutées.

Anne-Françoise Moyson

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