Des ex-Aubade ont gagné leur pari: créer une entreprise de lingerie

© capture d'écran

C’est l’histoire de trois cadres, anciens d’Aubade, licenciés à la faveur d’une délocalisation. Une histoire qui se termine bien: trois ans plus tard, ils ont gagné leur pari, en créant leur propre entreprise de lingerie fine, « Indiscrète », made in France et avec le vent en poupe.

Indiscrète emploie aujourd’hui 23 personnes, dont 18 ex-Aubade (lingerie fine) dans un atelier de confection à Chauvigny (Vienne), et a créé 105 emplois de conseillères de vente en France et un en Belgique.

Dans le bâtiment de 900 m2 construit par la communauté de communes de Chauvigny, on n’entend que le bruit des machines à coudre. Didier Degrand, ancien directeur de production d’Aubade, ne cache pas son émotion: « L’histoire est magnifique! On est en train de réaliser ce que nous avons écrit sur le papier. En chiffre d’affaires, en création d’emplois et en volume. »

Avec Christelle Bois et Béatrice Mongella, elles aussi licenciées par Aubade, ils décident en 2010, forts de leur savoir-faire, de créer Indiscrète. « Notre prime de licenciement et nos économies sont passées dans cette création au capital de 195.000 euros. On a été beaucoup aidés par les banques locales mais également la région Poitou-Charentes et le Conseil général de la Vienne », explique le directeur, âgé de 50 ans.

Le concept d’Indiscrète: la fabrication de lingerie fine, haut de gamme, adaptée à toutes les silhouettes. Les produits sont réalisés à la commande et exclusivement distribués lors de présentations privées à domicile. L’entreprise, par le biais des conseillères de vente et de la fabrication française, peut personnaliser les produits.

La création d’Indiscrète a redonné du baume au coeur à Martine Lebrun, 55 ans, mécanicienne en confection, licenciée après 36 ans de carrière chez Aubade. « Je suis fière de participer à ce projet. Je ne pensais plus jamais pouvoir retrouver du travail. Chez Aubade, j’effectuais une tâche répétitive sur une seule machine. Ici, je travaille sur six machines pour réaliser un produit haut de gamme de A à Z. C’est très valorisant », dit-elle.

Pour Didier Degrand, il reste encore du chemin à parcourir même si les chiffres laissent augurer de belles perspectives. « En 2011, on avait prévu 320.000 euros hors taxe de chiffre d’affaires, on a fait 304.000, en 2012 on avait prévu 635.000, on a fait 700.000. Pour 2013, on prévoit un million. Nous sommes en pleine crise, si la crise cesse, on a aura du mal à fournir. » Il espère atteindre la rentabilité en 24 mois.

Claudie Blanchard, la cinquantaine, licenciée après 25 ans chez Aubade, contrôle le travail de l’atelier et les expéditions chez les vendeuses: « C’est un joli pied de nez à Aubade qui nous a licenciées pour partir fabriquer à moindre coût en Tunisie », dit-elle. « S’ils avaient creusé un peu, les dirigeants auraient pu éviter ce gâchis. J’espère que notre réussite aura valeur d’exemple », continue-t-elle.

Aubade, rachetée par la marque suisse Calida en 2005, comptait alors 472 employés en France. Les différents plans sociaux n’avaient laissé à Aubade Saint-Savin, l’usine historique, qu’une trentaine de personnes. En mars, 66 anciens salariés ont obtenu des dommages et intérêts pour avoir été licenciés sans motif économique.

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