Aloha Prada

L’homme selon Prada s’évade à ses risques et péril dans un décor de paradis perdu vêtu de chemises imprimées de fleurs et de pin-up étranges. Une évocation métaphorique de l’été, grand absent de la plupart des défilés.

De la couleur, enfin! Et pas en petite dose. C’est en tout cas ce qui fut proposé hier par Salvatore Ferragamo, Missoni et Prada bien sûr qui emmènera l’homme de l’été 2014 à la découverte d’un paradis menacé où les fleurs des imprimés hawaïens qu’il affiche prennent soudain des allures vénéneuses et où les pin-up lascives qui s’étalent sur ses chemises ont un sourire figé qui inquiète plus qu’il ne séduit. A travers les clichés d’un exotisme de pacotille revisité sur fond de bruit de moteur d’hélicoptère évoquant tout de suite des images de zones de guerre, la créatrice nous rappelle insidieusement à quel point l’homme est capable de détruire ce qu’il y de plus beau sur terre et ne cesse encore de le faire. Si l’homme Prada semblait en vacances – ses sacs le long desquels flottaient des étiquettes à bagages le suggéraient en tout cas -, il est bien l’un des seuls de cette fashion week qui s’adresse surtout au jeune urbain en mal de garde-robe passe-partout convenant pour toutes les saisons à condition toutefois qu’on puisse encore les distinguer. La faute entend-on dire dans les allées des défilés au climat qui part en vrille mais surtout au marché de plus en plus globalisé qui veut que l’été des uns soit l’hiver des autres et vice-versa. La fantaisie pourtant ne manquait pas chez Iceberg dont le tout nouveau directeur artistique Federico Curradi a su faire de la couleur son alliée dans quelques pièces fortes, travaillant aussi la maille avec brio, poursuivant la grande tendance amorcée lors des défilés automne-hiver 13-14 qui consiste à mêler couleurs et matières au sein d’un même vêtement du coup très architecturé. Autre transposition de l’hiver à l’été : l’usage de tissus matelassés, en clin d’oeil chez Moncler qui mettait en scène une équipe de cricket plus que stylée, chez Ferragamo mais aussi chez Marni, les deux maisons proposant aussi de longues capes-parkas qui seront incontestablement l’un des fashion statements de l’été prochain. Couleur toujours mais délicatement fanée chez Missoni – un vieux rose notamment que l’on a vu aussi chez Corneliani – qui a su pixelliser sa palette sur les vestes que l’on sent fluides et confortables pour la rendre encore plus délicate à regarder. Un show tout en poésie, racontant l’Afrique – à travers la musique, le chant des oiseaux, les grigris autour du cou des modèles – sans référence ethnique ostentatoire. A peine un souffle d’évasion.

Isabelle Willot

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