« Dior, j’adore », signé Raf Simons

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Raf Simons signe sa deuxième collection de prêt-à-porter pour la maison Dior. Une déclaration d’amour.

Dans la grande tente dressée par Dior aux Invalides, on dirait que Magritte a déroulé sa toile, on marche donc dans les nuages vaporeux sur un ciel bleu et l’on zigzague entre d’énormes sphères en miroir qui se reflètent dans une galerie des glaces.

Il y a du surréalisme dans l’air. Raf Simons n’oublie pas ses racines belges. Qu’il rapproche de celles de monsieur Dior en un exercice qui semble l’avoir poussé vers l’avant, vers la légèreté, vers des passions communes. Christian Dior aimait l’art (avant de créer des robes qui changèrent la face du monde, il fut galeriste et exposa Dali et Giacometti à leurs débuts), Raf Simons aussi, et d’un trait, il noue leurs vies et leurs oeuvres en piochant dans les premiers dessins des années cinquante qu’esquissa Andy Warhol.

Et le Belge devenu Parisien les brode sur des robes années 20 – c’est un peu naïf-kitsch mais assumé, surtout quand la silhouette d’un escarpin doré toujours par Warhol s’invite sur le nouveau sac maison. Puis Raf Simons s’aventure dans les archives et retravaille le tailleur Bar mais en denim de laine bleu marine ou  » charbon « , et c’est drôlement beau et contemporain.

Il s’est senti pousser des ailes et ose aussi les superpositions, robe bustier pied-de-poule avec sur jupe en crochet de laine rose et des robes qu’il baptise  » Mémoire  » où les motifs récurrents dans l’histoire Dior et les silhouettes chéries sont repensés, éclatés, revisités – cela donne un manteau  » Doris 1947  » en cuir double face noir, une robe  » Miss Dior 1949  » en tulle noir brodée de cuir ou un manteau  » Arizona 1948  » en laine rouge.

 » Nous partageons un certain rapport au temps et aux réminiscences de différentes périodes de l’histoire, écrit Raf Simons en exergue de ce défilé de tous les défis. Pour Dior : c’est l’obsession de la Belle Epoque, pour moi, celle du modernisme. C’est l’idée même du lien à travers le temps qui compte ici, plus encore que ce qui va en découler. L’important, c’est l’attirance et l’obsession.  » C’est une déclaration d’amour. Elle force le respect.

Anne-Françoise Moyson

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