Fashion Week Paris, Chanel encore plus fort

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Comment transformer deux C en collection d’art contemporain. Demander donc à Karl Lagerfeld. Chanel au musée.

Une invitation comme une toile presque vierge sur un châssis, avec, calligraphié en rouge le mot  » Art  » à côté de Chanel, c’était clair, il fallait s’attendre à une oeuvre. Après la mappemonde géante, les éoliennes sur panneau solaire, les fonds marins enchanteurs, l’iceberg en fonte, Karl Lagerfeld et sa dreamteam frappent fort. Avec un humour ravageur, une ironie de bon aloi et un vrai talent à mythifier le moindre camélia.

Dans le Grand Palais, transformé en musée d’art contemporain, murs blancs, lumière blanche, toiles, installations, sculptures se disputent l’attention. Tout est faux. Tout est vrai.  » Il a tout pensé lui-même « , nous assure-t-on. Une statue de sumo géant, matelassé et rouge, baptisé Quilted Sumo, accueille la foule majoritairement bardée de sac Chanel. Là, une cabine de douche avec pluie de chaînes, c’est la Golden Shower non signée, quoique. Ici, une peinture proclame la fin de l’art, « The end of Art « , barrée d’une croix sur laquelle on lit  » La peinture est terminée « . Plus loin, un robot de flacons de N°5, une toile d’une toile d’araignée peinte avec en guise de rosée, des perles; on ne pourra pas s’offrir les deux autres, titrées ADN Chanel N°1 et ADN Chanel N°2, la gommette rouge annonce la couleur, un amateur est passé par là avant nous. Et ainsi de suite, de ce N°5 gigantesque en (faux) marbre, à moitié immergé dans le sol de béton qui s’appelle Unsinkable, tout un programme, à cette installation New Narcissus, une mannequin de cire, nue, en chaussette blanche, couchée à plat ventre sur un grand cube de plexi, au sol, le miroir reflète ce que l’on ne voit pas, un mont de Vénus pudiquement caché derrière un camélia.

Mais voilà Jay-Z lancé sur la bande-son toujours signée Michel Gaubert et les premières silhouettes Chanel qui déboulent. Maquillage façon palette de peintre, perruques qui rebiquent, déchaînement de couleurs, de matières, de superpositions. Ce n’est pas de l’art, Karl Lagerfeld a toujours dit qu’il faisait des robes. Il fallait le voir sourire en foulant le catwalk à petit pas, quel artiste, il a réussi son coup.

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