Givenchy invente une nouvelle tribu

Des guerriers Masaï d’Afrique aux skaters de L.A., il n’y a qu’un (fashion) pas franchi vendredi par Riccardo Tisci. Un esprit tribal convoqué aussi par Cédric Jacquemyn qui défilait pour la première fois à Paris.

Exit l’imagerie pieuse qui marquait cette saison toute la collection Givenchy. Riccardo Tisci s’est trouvé d’autres ex-voto à imprimer sur l’ensemble de son vestiaire. Les formes graphiques des circuits des ordinateurs des années 70 et des baffles vintage recherchés par la communauté des skaters et des hipsters de L.A. ressemblent ici à d’étranges totems colorés et envahissent bermudas, leggings, polos, parkas et tee-shirts oversized, créant même des effets de perspectives lorsqu’on les superpose. Des références à l’iconographie des tribus africaines que l’on retrouvaient aussi mais d’une toute autre manière dans la collection du Cédric Jacquemyn. Son travail et son esthétique caractéristique des anciens de l’Académie d’Anvers dont le jeune créateur belge est sorti en 2010 faisaient la part belle à la maille plus ou moins ajourée. Beaucoup de superpositions aussi – de formes comme de matières – sur des silhouettes minces et longilignes flirtant tour à tour avec les hommes en jupes culottes de Yohji Yamamoto et les dandys (parfois) sombres d’Ann Demeulemeester. Une option que la créatrice n’avait pas choisie cette fois préférant nous présenter dandy romantique, tenté par les costumes roses très pâle, les larges rayures et les redingotes brodées de fleurs noires. Chez Kris Van Assche en revanche, l’autre Belge du jour, pas de place pour les fioritures dans un design plus épuré que jamais, le créateur s’amusant à faire de la  » tirette K-Way  » reconnaissable entre toutes un statement fashion. Bien vus aussi, les effets d’optiques créés par les  » perforations  » dans les pulls et les sweatshirts qui varient donc selon la nature et la couleur de ce que l’on porte en dessous. Un mot encore sur deux collections plus  » classiques « . Celles de Cerruti 1881 Paris tout d’abord où l’on pointera ce surprenant gimmick qui consiste à déplacer la ceinture vers le haut de la poitrine sur la plupart des vestes, des manteaux et des impers de la collection. Quant à la maison Berluti, elle avait choisi de mettre littéralement en scène ses modèles d’exception dans le somptueux jardin de l’Hôtel Sully, régalant toute la fashion week d’une garden party  » esprit léger et grillades chics « .

Isabelle Willot

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