Gucci : la renaissance confirmée

Le motif ornant l’invitation n’avait certainement pas été choisi par hasard, en mode, le symbole est partout, impossible donc de ne pas voir dans ce délicat papillon coloré que l’on imagine fraîchement sorti de sa chrysalide la métaphore d’une renaissance. Plus fort encore, cette lente respiration qui invitait le public à retenir la sienne en guise de bande son à l’ouverture du show. Les attentes étaient au plus haut pour ce premier  » vrai  » show masculin chez Gucci depuis l’arrivée à la direction artistique d’Alessandro Michele qui la saison dernière avait réussi l’exploit de présenter une collection – d’ampleur plus réduite, il est vrai – quelques jours à peine après le départ forcé de Frida Giannini. L’homme alors avait déjà réussi à susciter le débat en féminisant à outrance la silhouette masculine, amorçant ainsi une tendance confirmée quelques jours plus tard chez d’autres créateurs. Ce vestiaire mixte où pour une fois les codes masculins ne l’emportaient pas était à nouveau le roi du catwalk, les silhouettes des garçons et des filles se ressemblant tellement qu’il était parfois mal aisé de distinguer le sexe des modèles au premier coup d’oeil. L’inspiration vintage très 70 restait également bien présente, l’envie  » d’embellir  » aussi par des broderies, des imprimés chatoyants et des matières que l’on devine douces à porter.

Michele n’est certes pas le seul à faire défiler des femmes pendant la semaine de la mode masculine, un privilège longtemps réservé à Prada en passe de se généraliser. Une heure plus tôt, aux tenues de marins d’Antonio Marras répondaient déjà des silhouettes féminines assorties. Damir Doma qui montrait son travail pour la première fois à Milan – un show empli de mélancolie – proposait aussi deux vestiaires en écho pour les corps de sylphides des garçons et des filles qui défilaient pour lui.

Chez Etro, si la théorie du genre était elle aussi convoquée, c’était au travers de la question bien existentielle… de l’oeuf et de la poule, Kean Etro tranchant résolument en faveur du premier décrit par le directeur artistique comme le symbole même de  » l’union du mâle et de la femelle qui possède avant d’éclore le potentiel des deux sexes « . L’alliance entre le masculin-féminin – cette blouse en chiffon transparent orné de carrés de cuivre en est le parfait exemple – se traduit donc ici plutôt dans le choix voire le choc des matières et des formes. Avec pour résultante, le dandy flamboyant d’Etro plus assagi que de coutume.

Isabelle Willot

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content