La fashion week de Milan, un joyeux melting pot modeux (en images)

Isabelle Willot

Onze défilés, dix-neuf présentations. Pour le premier « vrai » jour de la fashion week milanaise – elle s’était ouverte la veille avec le show de Dirk Bikkembergs – la coupe était pleine, confirmant l’intérêt croissant du secteur pour un homme de plus en plus préoccupé par son apparence, la faute ou la chance, les points de vue sont partagés, à cette mise en scène permanente de soi qu’imposent aujourd’hui les réseaux sociaux. Une journée toute en contrastes où cohabitaient le matin les maîtres d’un tailoring élégant et moderne – dans l’ordre de passage on citera donc Corneliani, Ermenegildo Zegna et Emporion Armani -, les collections plus pointues ciblant les « young professionals » – ces jeunes gens déjà dans la vie active qui refusent de porter le « costume de papa » -, d’Andrea Pompilio, Les Hommes, Marni ou Neil Barrett et l’exubérance légendaire – parfois à la limite du bon goût, une notion très fluctuante en mode de toute façon – de Dolce & Gabbana, Versace et Philipp Plein. Ce dernier qui ne se refuse décidément rien, n’avait pas hésité cette fois à transformer le catwalk en cimetière de carcasses de voitures passées à la bombe or et argentée, faisant finalement passer sa collection Printemps Eté 2016 d’inspiration punk à l’arrière-plan des motards, vieille Rolls-Royce et autres monster trucks véritables vedettes de ce show hors catégorie.

Difficile forcément de dégager des premières tendances de ce joyeux melting pot modeux. On pointera toutefois la persistance du mélange des genres confirmée chez Emporio Armani avec la fusion de plus en plus assumée des vestiaires masculin-féminin, le premier l’emportant ici haut la main sur le second. On attend avec d’autant plus d’impatience la réponse que fournira Gucci lundi, la marque désormais emmenée par Alessandro Michele ayant poussé le jeu de l’androgynie à l’extrême la saison dernière. On entend souvent dire dans les boutiques que la notion de confort est essentielle pour l’homme lambda au moment de passer à l’acte d’achat. Bonne nouvelle pour lui, à condition toutefois d’avoir la cuisse plutôt longue et fine, les pantalons s’élargissent – le retour des petites pinces sur l’avant se généralise – et la taille remonte, annonçant on l’espère la mort de futal porté sous les fesses. La finesse des tissus frisant la transparence, observée notamment dans un costume blanc ultra fluide chez Ermenegildo Zegna va de pair avec cette envie d’alléger la silhouette préconisée pour l’été prochain par Stefano Pilati qui confesse lui aussi chercher des idées dans le dressing féminin.

L’exotisme était aussi au rendez-vous, chez Dolce & Gabbana d’abord, le duo de créateurs siciliens ayant choisi cette fois de s’inspirer du design et de la décoration du Palais Chinois de Palerme tout en en se privant pas de parsemer les silhouettes de références à ce qui fait désormais partie des « codes » – les citrons, les vierges, les céramiques – de cette maison qui n’a pas peur d’oser l’ornemental à la puissance dix. Donatella Versace a tenu quant à elle à célébrer l’aventurier prêt à tout explorer sur la terre et jusque dans les limites de son vestiaire. Un hommage aussi au foulard roi de l’événement, ils flottaient au vent en hauteur et ceignaient le front des mannequins à la manière des chèches portés pour se protéger du soleil dans le désert. Hormis ce détail ethnique, le reste de la collection était assez « portable » finalement, dans la droite ligne en tout cas des costumes étonnamment sobres et stricts que l’on retrouvera en boutique dès la rentrée.

Isabelle Willot

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