La journée des Belges

Ça n’a rien à voir avec du chauvinisme primaire. Ni avec un certain nationalisme nauséabond. Mais ce que les créateurs belges montrent à Paris vaut vraiment le détour.

Ça n’a rien à voir avec du chauvinisme primaire. Ni avec un certain nationalisme nauséabond. Mais ce que les créateurs belges montrent à Paris vaut vraiment le détour. La preuve par Véronique Leroy chez Léonard, Christian Wijnants, Tim Van Steenbergen et Stephan Schneider, que l’on assimilera sans peine, même s’il est allemand puisqu’il a étudié à l’Académie d’Anvers, y est resté, y vit et y travaille, pour le meilleur et pour le meilleur. Une question d’inspiration.

Des pivoines et des motifs vaguement amérindiens en guise d’inspiration pour la reine des robes et des imprimés. Véronique Leroy, directrice artistique de Léonard, allie les matières, les motifs, les nuances. Du jersey et du crépon de soie, du cuir imprimé et du Milano de laine ; des fleurs « en majesté » des effets reptile, de l’ « ethno-chic revisité à coup de géométrie joliment variable » ; en bleu, rouge, rose, sable, craie et noir « toujours ». Une collection qui n’oublie rien du passé de la maison qui l’a vu naître et qui rend grâce à la beauté contemporaine et quotidienne, mâtiné d’accents véroniqueleroyaux. L’éternel féminin descendu sur terre.

Les oeuvres de Gerhard Richter, peinte allemand polymorphe (Dresde, 1932) en guise d’inspiration pour le roi des imprimés. Christian Wijnants a retenu ce que disait le maître : « Les toiles abstraites mettent en évidence une méthode : ne pas avoir de sujet, ne pas calculer, mais développer, faire naître. » (in Notes, 1985). Il a travaillé, encore et encore, à recycler ses « vieux prints », à agrandir des photos d’écailles, à les marier avec des chevrons ou des fleurs, à se remémorer des souvenirs d’Afrique et des visions animales. Il les a posés sur des leggings transparents, de la maille XXL, des silhouettes un peu « hippies », des tuniques à coulisser à la taille. Une poésie très nature collée au corps.

Les imprimés papillons et les oeuvres du plasticien Anselm Kieffer (Donaueschingen, 1945) en guise d’inspiration pour le roi de la coupe/couture. Tim van Steenbergen, à force de faire des allers-retours entre l’opéra, la danse et la mode, puise sa matière première dans l’idée de matière, justement, de relief et de trompe-l’oeil. Il laisse parler le vêtement, ose la pureté des lignes, les « robes qui tournent », les mélanges de viscose, coton, laine et polyamide. Sans oublier ses drapés dignes des plus grands. Avec en plus, une touche de « positivité » et une envolée de papillons sur une robe cocktail ou un top, juste pour le plaisir de laisser éclater sa joie. L’émotion à fleur de peau.

Le châle en guise d’inspiration pour le roi de la démode, de l’intemporalité, de la matière. Stephan Schneider ne s’embarrasse guère de la fugacité des saisons. Collection après collection, depuis 1995, il dessine des vêtements juste sublimes, qui se construisent cette fois-ci autour de cols châles, d’effilochés raffinés, de revers en maille, de combinaisons d’étoffes différentes, de prints sur soie, de gimmicks sportswear qui auraient mutés vers une élégance sans pareille. La perfection (im)matérielle.
Anne-Françoise Moyson Tous les défilés sur Catwalk Weekend

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