La mode homme se cherche à Milan

Marni © Imaxtree
Isabelle Willot

Ramassée sur trois jours seulement, la fashion week masculine Printemps-Ete 2018 de Milan est en pleine crise identitaire. Les griffes de tailoring classique, talonnées par la lame de fond du sportswear, ne défilent plus. Et les shows mixtes souvent très longs peinent à convaincre.

Ermenegildo Zegna
Ermenegildo Zegna© Imaxtree

Court mais bon. L’idée de ramasser défilés et présentations sur trois jours au lieu de quatre comme précédemment en avait pourtant séduit plus d’un, sur papier du moins. Comme anesthésiée par la canicule qui pèse comme jamais sur la ville, la Fashion Week Homme de Milan peine à décoller. La faute sans doute à un planning surchargé qui oblige journalistes et acheteurs à choisir entre les défilés proprement dits et les présentations en showrooms qui se sont multipliées cette saison. Longtemps réservées aux marques d’accessoires, elles concernent même désormais les grands noms du tailoring classique comme Canali et Corneliani qui d’ordinaire ouvrait la marche le samedi matin. Un peu comme s’il fallait opter pour un camp plutôt que l’autre: celui d’une mode « à l’italienne » somme toute assez classique même lorsqu’elle se veut décontractée ou celui d’une mode easy going imprégnées des codes du sportswear qui définissent même chez les grands noms estampillés couture la silhouette masculine d’aujourd’hui.

Philipp Plein
Philipp Plein© Imaxtree

Il faudra sans doute attendre dimanche soir et le défilé de Prada pour que cela dépote un peu, chacun étant resté finalement dans les clous et ce même lorsqu’une débauche de moyens était au rendez-vous. Pour la troisième fois consécutive, Domenico Dolce et Stefano Gabbana ont fait défiler une bande de fils et de filles de, ayant souvent pour seul fait d’arme une volée de followers à plus de six ou 7 chiffres. L’effet de surprise en moins, il ne restait finalement qu’une collection certes joyeuse et bourrée d’imprimés comme les deux Siciliens savent les faire mais qui ne revisitait finalement que des thèmes connus. De retour à Milan après une escapade à New-York la saison dernière, Philipp Plein, inspiré par l’esprit rétro des années Grease a rappelé ses cascadeurs pour un show tout feu tout flamme où passé le deuxième rang on peinait à voir les modèles défilant en contrebas d’une scène où semblait se dérouler toute l’action.

Des bonnes surprises, il y en a eu quand même, chez Dirk Bikkembergs notamment : pour sa deuxième collection, Lee Wood a poursuivi son travail d’épure, faisant oublier des années de logomania pour proposer des vêtements sobres hautement désirables. Joli travail aussi chez Marni où l’on se laisse aller à des superpositions remplies de poésie, à la manière d’une collectionneur qui enfilerait tout ce qu’il trouve, ce n’est pas pour rien que le projet a été sous-titré Lost and Found. Autre presque nouveau venu à avoir transformé l’essai, Alessandro Sartori a confirmé lui aussi le direction dans laquelle il entendait mener Ermenegildo Zegna: un luxe à portée de look tant les silhouettes donnent envie de se laisser adopter, même et surtout par les plus jeunes, ces incontournables Millennials à qui tout Milan semble tendre la main.

Dolce & Gabbana
Dolce & Gabbana© Imaxtree

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