Milan: le triomphe de la normalité

Dirk Bikkembergs © IMAXTREE

Et si l’on revenait un peu aux fondamentaux de la mode? Dans le sous-titre, c’est ce que l’on pouvait décrypter dimanche dans la plupart des collections.

Comme souvent, c’est lors du défilé Prada qu’est donné le ton de la future saison et il s’annonce plutôt « normcore ». De son propre aveu, la grande prêtresse de la mode prône un retour à une certaine normalité – même le décor de son show était pour une fois d’une extrême simplicité, offrant à (presque) tous les invités la possibilité d’être assis au premier rang, parfois sur d’étranges lits, histoire sans doute de pouvoir mieux se focaliser sur ce qu’ils et elles étaient venus voir, des vêtements en somme, d’allure très seventies, dans une avalanche de cuirs, de velours ou de lainages dans lesquels on se dit qu’il fera bon se lover. Beaucoup de brun, de rouille dans la palette, comme pour symboliser un appel de la forêt incarné par les colliers en bois – des morceaux de branchages, littéralement – portés en guise de totems. La maille était aussi reine chez Missoni – comme toujours pourrait-on dire, tant elle fait partie de l’ADN de la maison -, les pulls en mohair arc-en-ciel délavés, les gilets, les écharpes, l’omniprésence des carreaux donnant aux jeunes gens sur le podium des allures de gentlemen farmers des temps modernes.

Retour en ville en revanche chez Salvatore Ferragamo où Guillaume Meilland, le tout nouveau directeur artistique de la maison, démontrait sa vision du dressing idéal de l’homme urbain actif. Le jeune créateur est allé à bonne école démarrant chez Yves Saint Laurent – période Stefano Pilati – avant de travailler huit ans chez Lanvin aux côtés de Lucas Ossendrijver, c’est peu de dire qu’il connaît le sens du mot tailoring. Le résultat est propre, net, précis, rien ne déborde et tout va avec tout, ce qui devrait séduire l’homme en quête d’une certaine élégance rassurante qui le mette à l’abri de tout fashion faux-pas.

Salvatore Ferragamo
Salvatore Ferragamo© Imaxtree
Missoni
Missoni© Imaxtree
Prada
Prada© Imaxtree

De la prise de risque, il y en avait par contre et à plus d’un titre chez Dirk Bikkembergs avec l’arrivée aux manettes de Lee Wood et une collection 100% sans logos comme on en n’avait plus vu depuis des lustres dans la maison. Un retour aux fondamentaux de la griffe créée par l’un des membres du clan des Six d’Anvers et désormais majoritairement aux mains d’investisseurs chinois. On pourrait presque parler de ligne claire tant le jeu des proportions apparaît maîtrisé, le sens de la coupe est indéniable – il vaut mieux lorsque l’on se pique de donner dans l’oversize -, l’univers est urbain lui aussi mais version streetstyle chic. Reste à savoir s’il séduira la clientèle historique de la marque ou à défaut s’il attirera de nouveaux adeptes rapidement. On aimerait que le pari soit gagnant.

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