Paris Fashion week, le huitième jour avec Chanel

© Chanel

Karl Lagerfeld en tête d’une manif’ de filles. C’est pour le bien de l’humanité.

Ne cherchez pas le Boulevard Chanel, dans le 5ème arrondissement, il n’existe pas. Ce qui reste pourtant à démontrer. Ce matin du huitième jour, sous la verrière du Grand Palais, la maison fondée par Mademoiselle s’offrait un intérieur rue. Il a dû pleuvoir la nuit car de petites flaques stagnent dans les rigoles. Sur les trottoirs gris souris, des gradins s’étagent jusqu’au pied des immeubles haussmanniens hauts de 25 mètres. Là, un échafaudage, ici des barrières Nadar, la ville semble en travaux. La boulangerie n’a pas encore ouvert ses portes. Au bout, dans une venelle encaissée, le rideau de fer d’un petit commerce de quartier est encore baissé. Une radio libère un air de musique, du fond de la ruelle, les filles de Coco et de Karl apparaissent, deux par deux, par trois parfois, elles marchent d’un pas allègre sur talon plat, en richelieu sandale dorée à bout noir ou en bottes à l’imprimé psychédélique. Bien sûr, elles s’habillent de tweed, de tailleur trois pièces, de vestes longues à col Berthe, de blouses légères. Elles enfilent leur skinny sous une jupe plissée ou un mini blouson doré sur de la dentelle. Elles retroussent leur pantalon large au-dessus de la cheville, ne s’embarrassent pas trop de sacs et marchent chaloupée quand elles portent de la maille rayée, Gisèle Bundchen en tête, plus féline et solaire que jamais. Toutes les couleurs de l’arc-en-ciel sont ici réunies, de l’orange, du rose, du vert, du, violet, du bleu marine, du noir et du blanc, en référence totale aux codes maison. De même, dans la succession des matières – crêpe, coton sergé, soie, cigaline, lin, organza – et dans la liberté d’impressions  » éclaboussures de peinture « .

La bande-son signée Michel Gaubert jusque-là remixait Les Pet Shop boys, soudain, elle fait silence. L’air en tremblerait presque et puis les bruits de manifestation qui s’étaient déjà fait entendre enflent, elles déboulent, en foule compacte, le poing serré, avec gueulophone sur  » on « , panonceaux portés à bout de bras et revendications scandées en choeur –  » Divorce pour tous « ,  » La liberté n’obligent pas les femmes à être libertines « ,  » Le jean est androgyne « ,  » Boys should get pregnant too  » et ainsi de suite, en prise avec une réalité qui fait soudain irruption dans cette fashion week un peu falote. Karl Lagerfeld, le directeur artistique de la griffe aux deux C, a beau avoir l’âge qu’il a, il est de son temps, il a les deux doigts dans la prise. C’est pourquoi ce printemps-été de Chanel est envers et contre tout  » flirty and intellectual « . En tête de cette manif’ de filles, monsieur Lagerfeld l’a revendiqué avec cet humour que peu, dans la mode, manient avec autant d’éclat. Respect.

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