Paris: les Nashville boys de Dries Van Noten

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Isabelle Willot

C’est certainement un gage de maturité, d’indépendance aussi, celle dont on jouit lorsque l’on n’a de compte à rendre qu’à soi-même finalement, n’est-on pas meilleur d’ailleurs lorsque l’on fait ce que l’on aime? Après une année 2017 marquée par la sortie de documentaire consacré à sa carrière et du livre compilant ces 100 (premiers) défilés, il était temps pour Dries Van Noten de regarder autrement ces archives dans lesquelles il aime pourtant se pencher pour mieux repartir d’une feuille blanche. Lorsqu’il décrit la collection montrée jeudi soir dans l’ancien bureau de poste des douanes françaises, l’Anversois préfère parler de « garde-robe », une sorte de compilation de « basiques » en quelque sorte, des pièces ou des matières qui lui sont chères et qui reviennent régulièrement d’une saison à l’autre. Avec bien sûr, quelques surprises par-ci, par-là, on l’attend aussi là-dessus, c’est sûr. Il cite les tartans, en particulier celui du Duc de Windsor, ceux et celles qui sont familiers de son parcours savent qu’il en portait déjà dans les années 80 lorsque se formera la constellation dite des Six d’Anvers. Des carreaux que l’on retrouvera sur des vestes et des pantalons qu’il n’hésitera pas comme lui seul peut le faire à marier avec des imprimés, de la broderie anglaise et des cols crochetés. Faut-il voir aussi dans l’abondance des couleurs vives que la créateur belge qualifie de « funky », l’envie d’apporter un peu de légèreté dans le climat anxiogène que nous traversons? Peut-être, à moins qu’il ne s’agisse plus simplement de remettre la mode à sa place, celle d’un art joyeux qui devrait peut-être cesser de toujours se prendre au sérieux. A y regarder de près, il y avait même un petit côté Nashville dans l’association des pantalons de jeans blancs brodés, de chemises à franges et de vestes en denim cloutées. Un détour vers l’Italie aussi avec ces imprimés marbrés que connaissent bien les touristes qui ont un jour visités les papeteries de Venise et de Florence pour s’acheter un carnet. On ne voyait plus qu’eux lors du final, tous les modèles ayant enfilé un imperméable chamarré avant de s’aligner le temps d’une photo souvenir le long des murs pelés de l’entrepôt situé à deux pas de l’Armée du Salut.

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