Paris: retour aux sources de l’inspiration pour Vetements

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Isabelle Willot

Dans la mode, rien n’est le fruit du hasard et certainement pas le choix de l’emplacement d’un défilé qui délivre toujours un part du message que désire faire passer le créateur dans ses collections. Déplacer toute la caravane de la Fashion Week à la nuit tombée jusqu’aux puces de Saint-Ouen, hors calendrier officiel qui plus est, n’avait donc rien de surprenant quand on s’appelle Vetements.

A la tête de ce collectif, véritable poil à gratter de la mode depuis un peu plus de trois ans maintenant, Demna Gvasalia également directeur artistique de Balenciaga, entendait rendre hommage à Martin Margiela. L’ancien étudiant de l’Académie des Beaux-Arts d’Anvers est passé par son studio, certes après le départ du créateur belge, mais on ne peut nier que sa vision de la mode ne cesse encore d’infuser le travail du Géorgien.

Une fois de plus, son obsession pour le copie, le faux, était au rendez-vous. L’homme n’en est pas à son coup d’essai, lui qui n’a pas hésité à organiser une « vente officielle » de vraies contre-façons dans un entrepôt à Séoul, s’est amusé une fois de plus à créer la confusion. A la sortie du show les spéculations allaient bon train quand à savoir si la majorité des pièces portées par les modèles provenaient des stocks des exposants du quartier. Il semble bel et bien qu’il n’en soit rien, en ce sens Demna Gvasalia prend ainsi distance avec son mentor qui lui n’hésitait pas à créer du neuf avec de l’ancien. Sur le catwalk, on pouvait bel et bien parler d’hybridation – on pense par exemple à ces imperméables à l’arrière desquels on avait recousu le tissu imprimé d’une robe de femme, à la superposition des fichus de soie noué sous le cou par dessus la casquette enfoncée sur le front sans parler de celles des manteaux littéralement empilés les uns sur les autres… D’autoréférence aussi aux pièces désormais cultes de la maison, comme le sweat à capuche, les vestes oversized pourvues ou non de l’inévitable logo copié à outrance dans le monde entier.

En choisissant de faire défilé l’homme et la femme conjointement lors de la première salve des shows, Demna Gvasalia entend bien marquer une fois le plus le tempo de la saison. Se donner le temps surtout de produire cette collection à partir de tissus neufs qui se doivent pourtant d’avoir l’air de trouver ici une seconde vie. Etrange quand on sait à quel point l’industrie ferait bien d’apprendre à s’autorecycler.

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