Faut-il être beau pour travailler chez American Apparel?

American Apparel est certainement l’une des marques Made in USA les plus reconnaissables. La marque est au centre d’une controverse sur la manière de recruter son personnel. Ajoutée à cela une situation financière précaire, et voilà une descente aux enfers assurée pour son fondateur Dov Charney.

American Apparel est certainement l’une des marques Made in USA les plus reconnaissables. La marque est au centre d’une controverse sur la manière de recruter son personnel. Ajoutée à cela une situation financière précaire, et voilà une descente aux enfers assurée pour son fondateur Dov Charney.

Après une plainte déposée contre Prada au Japon pour licenciement abusif, c’est au tour d’American Apparel de répondre à cette question. Une source anonyme a en effet déclaré récemment à la presse que la marque pratiquait une sélection physique à l’embauche. Alors que la marque californienne avait déjà été suspectée en juillet 2009 de n’employer que des « gens beaux », une source interne a fait de nouvelles révélations fracassantes au site d’information américain Gawker. La direction demanderait en effet aux managers de prendre une photo de leurs futurs employés afin de valider ou non leur candidature. La marque se garde bien de révéler de telles pratiques: les clichés du personnel sont transmis via les boîtes mail privées des employés afin de ne pas être tracés. Un ancien employé aurait reçu la mission de ne pas engager des filles black à l’allure « trashy » mais plutôt des jeunes filles « au style classe et aux beaux cheveux ». Un autre ex-collaborateur explique que les chefs scrutaient non seulement leur tenue vestimentaire mais aussi leurs sourcils, leur maquillage, leurs ongles et leur couleur de cheveux ».


La discrimination sur des critères physiques ne s’arrêterait pas à l’embauche. D’après l’enquête de Gawker, les promotions ne sont approuvées qu’après l’envoi de nouvelles photos. Chez American Apparel, « votre apparence définit votre statut et le montant de votre salaire » a précisé la source. D’anciens collaborateurs ont aussi expliqué que les directeurs de magasin demandaient à leurs employés de leur envoyer régulièrement des photos sur la façon dont leur staff était habillé. Ces clichés étaient ensuite analysés par la hiérarchie, avec renvoi ou non du personnel pris en flagrant délit de laisser-aller fashion.


Une sélection basée sur le style


Pour sa défense, la marque de Dov Charney nie ces accusations et déclare chercher chez ses employés un style qui correspond à l’image « artistique » d’American Apparel. Il avoue qu’il y a bien une sélection, basée non sur la beauté mais sur un style propre. Les personnes évincées seraient simplement jugées « hors du coup ». A la tête de la direction artistique de la maison, Marsha Brandy a déclaré au Cut Blog : « Nous considérons les vêtements American Apparel plus comme des supports artistiques que comme de la mode à proprement parler, c’est un aspect très important dans notre politique d’embauche, l’employé doit pouvoir être l’ambassadeur de nos produits, les rendre attirants, et montrer à quel point ils sont cool ce qui ne se réduit pas à « être beau ».

Des rumeurs qui ne surprennent pas dans le milieu, le label est connu pour ses campagnes de pub provoc à caractère presque pornographique mettant en scène des mannequins aux poses lascives, certains soupçonnées d’être mineurs. L’Advertising Standards Authority britannique (notre CSA), a même interdit une campagne l’année dernière car elle mettait en scène un mannequin à moitié nu qui semblait être âgé de moins de 16 ans. Dov Charney, qui prend baucoup de plaisir à recruter ses modèles en personne dans la rue, a aussi reçu de nombreuses plaintes pour harcèlement sexuel. Aucune d’entre elles n’a encore abouti devant un tribunal. Autre originalite, ce concours de fesses lancé par le label sur son site en février dernier.

Bientôt la faillite?

Une controverse dont le label se serait bien passé car il serait en effet au bord de la faillite. Selon le journal The Independent, La chute des ventes et sa difficulté à sortir de la crise pèsent de plus en plus sur la société qui emploie 10 000 personnes et possède 285 magasins dans plus de 20 pays. Impossible de dire si cette situation financière désastreuse est liée aux rumeurs de discrimination à l’embauche mais une chose est sûre, la marque Made in USA a perdu de son aura. La concurrence est rude. Uniqlo, le petit japonais low cost prend de l’ampleur outre-Atlantique. H&M ou encore Zara font les yeux doux aux fashionistas en éditant des collections variées tout au long des saisons et cela, à un rythme bien plus élevé qu’American Apparel.

Toujours selon The Independent, Charney ne veut pas laisser tomber ce business model, il a décidé de continuer à faire produire tous les vêtements à Los Angeles au lieu de l’externaliser dans des pays low-cost comme la Chine. Il en a même fait son slogan, « sweatshop free », surfant là, sur des valeurs bien plus éthiques que sa politique d’embauche. Dov Charney étant engagé depuis des années dans la défense des immigrés. Un contrôle des services gouvernementaux réalisé l’année dernière à Los Angeles, dans une usine de la marque, avait même entraîné le renvoi de 1500 travailleurs sans-papiers, soit 10% de son staff.

Pour l’heure, face à cette crise sans précédent dans le giron de sa société, Dov Charney signe et persiste déclarant aux analystes de Wall Street dansle quotidien anglo-saxon: « Je reste motivé, je travaille 7 jours sur 7, j’espère rendre tout le monde heureux et j’apprécie la patience de chacun ».

Ca. L, avec P.L de L’Express.fr Styles

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