Hanne Gaby Odiele, portrait de la top belge so « quirky »

Elle en est la preuve, on peut grandir à Kooigem et devenir top model à New York. Si la mannequin belge cumule les défilés, les campagnes et les couvertures de magazines prestigieux, c’est parce qu’elle a quelque chose que les autres n’ont pas.

Il était convenu de se retrouver Vrijdagmarkt, Anvers, à la terrasse d’un café, elle avait oublié que la Belgique est un scandale météorologique. Son hôtel n’était pas loin, elle avait un peu de temps, entre New-York où elle préparait son déménagement et la ville de Brabo où, le lendemain, elle poserait pour Essentiel, campagne automne-hiver de cette marque belge qui fête ses 15 ans et déroge à sa règle d’or – un nouveau visage par saison – en lui demandant pour la seconde fois d’incarner la maison, c’est dire si elle a durablement impressionné Inge Onsea et Esfan Eghtessadi, les créateurs d’Essentiel.

Hanne Gaby Odiele, portrait de la top belge so
© Imaxtree

A raison : le visage nu, elle est  » quirky « , c’est l’adjectif que le milieu répète en boucle. Une fossette sous le menton, des yeux bleus, des cheveux presque blancs d’être si blonds, des sourcils idem et des mensurations parfaites pour le métier (81-63-86,5), le tout glissé dans une paire de jeans délavée, t-shirt lâche et veste en denim même ton, avec jetlag dans les pattes et retard désolé pour cause de sieste non interrompue par le réveil, en sus, traces d’oreiller sur la joue et brushing en mode nuit/lit.

Hanne Gaby Odiele, portrait de la top belge so
© Imaxtree

Elle commande une eau, non, un café, non, un coca, Hanne Gaby Odiele, 26 ans, ouest-flandrienne pur jus, atterrit doucement, il y aura dans la conversation des  » ouille ouille ouille « , des  » ja  » et des  » we shall see « , des silences cool et des rires légers – la vie n’est pas si grave, elle en sait quelque chose, elle qui s’est fait renverser par une voiture folle un jour de décembre 2006, a connu la douleur, le corps en morceaux, les hôpitaux, les longs mois de rééducation et le goût des choses qu’on croit avoir perdues pour toujours.

Il a fallu qu’elle soit immobilisée, blessée, loin des catwalks, des shows, des studios photos, de la mode pour avoir soudain très envie de continuer ce métier de mannequin qu’elle avait débuté comme ça, comme on éternue. Elle n’avait même jamais rêvé de quoi que ce soit,  » j’avais 17 ans, je ne pensais pas que c’était un vrai job, je venais d’un petit village, Kooigem, où il n’y avait pas de magasins, pas d’école, rien de fashion, juste une petite église et pas d’inspiration ». Tom Van Dorpe, qui travaillait alors pour une agence de mannequin, l’avait repérée au festival Novarock, à Courtrai. Elle n’y croyait pas trop, mais tout de suite, on lui avait fait traverser l’Atlantique, direction la grosse pomme, elle devait y rester deux semaines, elle y vit depuis 9 ans,  » ça a été si vite « .

Elle se souvient de tout, que c’était une grande première – prendre l’avion, parler anglais, se débrouiller seule, elle n’en revenait pas, ça a  » boosté  » sa confiance en elle, les voyages forment la jeunesse, c’est bien connu. Défiler pour Marc by Marc Jacobs ou Rodarte, faire les campagnes de pub de Top Shop et d’Alberta Ferretti, être ensuite désirée par Balenciaga, Chanel, Lanvin, Mulberry, Kenzo, Christian Lacroix et tous les autres, aussi. Car Hanne Gaby Odiele fait partie des  » tops van de top « , classée dans les 50 modèles du moment, ça fait presque dix ans que ça dure. Elle connaît sa chance, l’heure est aux mannequins-femmes, avec le retour des ex-gloires Claudia Schiffer, Helena Christensen ou Gisele Bündchen, même si elle ne fait pas partie de cette génération-là, elle sait qu’elle a encore quelques heures de vol devant elle. Ça tombe bien, voyager, c’est son truc – pour un shooting ou pour une randonnée dans la jungle, sans bagage, avec, à la rigueur, un mini sac-à-dos,  » le plus léger possible « , vive l’aventure. Pareil quand, pour A Magazine, devant l’objectif de Pierre Debusschere, elle s’harnache d’un bijou étrange, pareil à un mors qui lui écarte les lèvres à l’extrême, image coup de poing dont elle est  » fière « , faut dire qu’elle a de la gueule, la blondeur parfois n’a rien d’angélique.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content