Kris Van Assche

Enfant unique, Kris Van Assche a grandi à Londerzeel au sein d’une « famille traditionnelle », dixit l’intéressé. Sa grand-mère, pour qui « se faire belle était essentiel », lui inculque le goût pour la mode. Grand fan de Madonna, Kris est bluffé par ses tenues de scène, dessinées par Jean Paul Gaultier. La mode devient alors une vraie passion. A l’âge de 12 ans (très précisément!), il découvre que le stylisme est un métier. « A partir de ce moment, j’ai été très assidu à l’école, confie-t-il avec le sourire. A aucun prix, je ne voulais doubler. Pendant six ans, je n’ai attendu qu’une seule chose : entrer à l’Académie d’Anvers! » Il y débarque à 18 ans. Il est le plus jeune, mais sans doute le plus motivé et le plus enthousiaste, obsédé par une idée: terminer rapidement ses études et lancer sa propre marque. « A l’époque, je songeais à la femme, je trouvais la mode masculine ennuyeuse et sans intérêt, poursuit-il. A l’Académie, mes collections étaient proches de ce que je fais aujourd’hui, masculines, sobres et réalistes. Je n’ai jamais été extravagant. »

Après Anvers, où Kris apprend, notamment, à être passionné et à persévérer, son parcours le mènera à Paris, chez Yves Saint Laurent, au département Homme. Sans grand enthousiasme, au départ. Il ne parle pas le français et pense partager le sort de tous les stagiaires en dessinant, par exemple, des cravates pendant quatre mois. En arrivant, une agréable surprise l’attend pourtant. Nous sommes en 1998. Hedi Slimane est en train de révolutionner, chez Yves Saint Laurent, la mode masculine. Le courant entre le talentueux directeur artistique et le stagiaire passe bien. Kris s’intègre rapidement au sein de la petite équipe. Au bout de quatre mois, son stage est prolongé de six mois. Finalement, il assistera Hedi Slimane… pendant six ans. En 2000, il le suit chez Dior. Impliqué à fond, il touche à tout: recherche et choix de tissus, travail de l’atelier, défilés, casting de mannequins, invitations, musiques… « Bien entendu, c’était très excitant, mais au bout de six ans, aussi très frustrant, souffle Kris. Chez Yves Saint Laurent régnait une ambiance sympathique, pleine de fraîcheur et de naïveté. Nous pratiquions un art sans prétention. Chez Dior, en revanche, c’est une grande machine de business qui s’est emballée. »

Kris décide alors de voler de ses propres ailes. Il a un riche bagage, il est temps d’évoluer vers d’autres horizons. Sa personnalité s’est bien affirmée, ses objectifs se sont cristallisés. Il a eu l’occasion d’apprendre le fonctionnement d’une grande maison de mode sur le bout des doigts. En septembre 2004, il s’établit définitivement à Paris et pas n’importe où. Il installe son showroom à l’hôtel de Retz, un prestigieux hôtel particulier du XVIIe siècle, situé dans le Marais, près du Centre Beaubourg. Il a pour voisins une galerie d’art contemporain, des stylistes, des avocats et des artisans haut de gamme. Des collaborateurs triés sur le volet le secondent efficacement. Sa griffe démarre sur les chapeaux de roue. On trouve d’ailleurs sa première collection automne-hiver 05-06 dans les boutiques les plus pointues à Paris (Colette et L’Espionne) et en Belgique (Stijl à Bruxelles, Verso à Anvers et Handsome à Hasselt). Il est également très bien distribué aux Etats-Unis et au Japon.

A la fin de l’année 2006, une rumeur commence alors à courir dans le monde de la mode: Kris Van Assche pourrait succèder au Français Hedi Slimane à la direction artistique de Dior Homme. Le nom du Belge circule d’autant plus dans les couloirs de la griffe de luxe que le Français laisse clairement entendre, de son côté, qu’il ambitionne de lancer une ligne de prêt-à-porter sous son propre nom. Après avoir brillamment réussi à redynamiser l’image (et les ventes) de la ligne masculine de Dior ces dernières années, Hedi Slimane quitte donc finalement le navire LVMH au mois de mars 2007 pour s’aventurer enfin dans des projets beaucoup plus personnels. La rumeur autour de son successeur se confirme alors et Kris Van Assche est nommé à la tête de Dior Homme. Pour la première fois dans l’histoire de la mode, un Belge prend donc les rênes masculines d’une grande maison de luxe française.

Barbara Witkowska et Frédéric Brébant

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