La Cambre mode(s): le show 2018 au supermarché

Le Musée Mode et Dentelle de Bruxelles invite La Cambre mode(s) à s’exposer dans ses murs. Un seul mot d’ordre : la contestation. Une réponse, en forme de pirouette, sur cintre connoté : un supermarché de vêtements issus du Show18. Laugh Out Loud.

Quand, il y a plusieurs mois, Karine Lalieux, échevine de la culture de la Ville de Bruxelles, entend réunir l’ensemble des institutions culturelles autour d’une thématique commune,  » 2018, Année de la Contestation « , l’équipe du Musée Mode et Dentelle est  » un petit peu prise de court « .  » Parce que notre collection de costumes telle qu’elle a été constituée n’a rien de contestataire, précise sa conservatrice Caroline Esgain. Il s’agit plutôt d’une mode bourgeoise, qui ne sort pas des rangs.  » Naît alors l’idée d’une carte blanche offerte à La Cambre mode(s),  » qui rue dans les brancards par rapport à l’image que notre musée véhicule depuis longtemps mais que l’on est en train de changer, et cela me plaît « .

Dès l’entame, Tony Delcampe, professeur responsable du département stylisme et création de mode de l’ENSAV, appelé La Cambre mode(s), imagine un titre en forme de boutade : LOL, cet acronyme, venu de Laugh Out Loud, dans le jargon internaute, dont, à force, on a fini par ignorer la signification exacte.  » Au départ, ce terme permettait de ponctuer un propos, de signifier rapidement qu’un message lu ou une situation étaient trouvés drôles. Puis juste pour exprimer la surprise, sans que ce ne soit plus nécessairement drôle. Il arrive même qu’il soit sarcastique. LOL, c’est donc tout et son contraire.  » Une seule chose pourtant est sûre :  » La contestation est dans l’essence même de l’école.  » Car on y apprend à remettre en question le vêtement. Sans cesse, avec obstination.  » On l’étudie, on l’observe, on le dépiaute, on le détourne, on le reconstruit, on en contourne les codes, on les déplace vers ailleurs « , énumère Tony Delcampe.

Il s’agit donc de présenter le travail de l’école à un moment T, soit l’ensemble des vêtements montrés lors du Show18 aux Halles de Schaerbeek, ces 1er et 2 juin, la somme d’une année scolaire, qui, pour les cinquièmes, a valeur de carte de visite. Pas d’archives, rien que de l’ultracontemporain, qui dit ce que les étudiants ont à dire aujourd’hui.  » Cela nous intéressait d’entrer en contestation avec le musée, dans le sens où nous ne voulions pas montrer le créateur comme artiste ni déifier le vêtement. Nous avons choisi une mise en scène qui est une non-mise en scène, il n’y aura pas de contemplation devant l’objet, c’est notre façon d’exprimer qu’il y a trop de vêtements. Ce sera une sorte de supermarché, on entrera au musée comme on entre chez H&M, tout est sur cintre, suréclairé, rangé année par année. Ce n’est pas une réponse, juste un constat. En un parti pris un peu trash, nous voulions être entiers et radicaux.  »

Avant-propos en images et en mots afin de rendre compte de la créativité de ces étudiants tenus d’explorer, de la première à la cinquième année, un énoncé précis. Il donne la mesure de l’exigence du cursus et de l’originalité de cette pédagogie propre à La Cambre mode(s), formulée en regard de l’objectif final –  » Former des créateurs prêts à proposer une nouvelle vision du vêtement.  »

Esther Vervliet - Outre la robe en tulle, la jupe et son halo de tulle dégradé, la chemise-express et l'accessoire, l'énoncé de la première année s'attache à expérimenter le corps-sculpture.
Esther Vervliet – Outre la robe en tulle, la jupe et son halo de tulle dégradé, la chemise-express et l’accessoire, l’énoncé de la première année s’attache à expérimenter le corps-sculpture.  » Un corps sculpté, pincé, carrossé, facetté, inspiré de sculptures existantes et/ou fantasmées. Un tissu à motif comme trempé avec le principe de capillarité. Une broderie de boutons blancs abstraite, figurative ou graphique. « © Pierre Debusschere / Art director : Pierre Daras / Mannequins : Agathe Campet & Mathias Robert / Retouches : 254Forest
Mathieu Goosse -
Mathieu Goosse –  » Jouer des éléments du vestiaire et hybrider couleurs, matières et textures. Pour s’initier au vocabulaire générique et iconique de la garde-robe, les étudiants analysent un sourcing vestimentaire. Leurs thèmes chromatiques, matières, textures, motifs et graphiques sont développés d’après leur choix d’une couleur primaire et la composition d’un cadavre exquis. Chaque pièce est accompagnée d’un dossier de recherches et d’un reportage photographique résumant les étapes essentielles du travail. Ici, la robe/ultrarobe. Interrogation des extrêmes avec deux robes en opposition, minimalisme et maximalisme. « © Pierre Debusschere / Art director : Pierre Daras / Mannequins : Agathe Campet & Mathias Robert / Retouches : 254Forest
Lili Schreiber -
Lili Schreiber –  » La troisième année est une année diplômante, un bachelor qui, dans la philosophie de l’atelier, prépare aux deux années de master. C’est également une année  » laboratoire  » où les étudiants développent une plus grande autonomie créative tout en enrichissant leurs acquis techniques. Confrontés à l’élaboration d’une première collection de huit silhouettes sur le mode masculin, les étudiants abordent les contraintes, liées au vestiaire homme, qui sont la rigueur du vêtement, le tailoring et la coupe ainsi que le concept au sens large. L’accent est mis sur l’expérimentation (…) « © Pierre Debusschere / Art director : Pierre Daras / Mannequins : Agathe Campet & Mathias Robert / Retouches : 254Forest
Clémence Gautier -
Clémence Gautier –  » Avec l’intervention de Nathalie Khan, historienne, théoricienne et critique de mode, élaboration d’un concept de collection et du show  » momentum « . Celui-ci est pensé comme un espace-temps particulier, un tableau vivant dans lequel les silhouettes prennent leur élan. Au-delà de constituer et verbaliser son répertoire plastique propre, l’étudiant lie son propos à une problématique contemporaine, un questionnement sur le monde qui l’entoure. De cela, il fait émerger dix corps aux volumes pluriels, singuliers, ancrés dans une recherche conceptuelle évolutive. « © Pierre Debusschere / Art director : Pierre Daras / Mannequins : Agathe Campet & Mathias Robert / Retouches : 254Forest
Clément Grangier -
Clément Grangier –  » Signature. La dernière année est l’aboutissement d’un long processus de maturation, résultat d’une parfaite osmose entre la créativité et les acquis. L’étudiant doit être capable d’assumer pleinement ses choix créatifs. Par ailleurs, il doit être à même de les défendre à travers une argumentation cohérente et une réalisation en parfaite adéquation. Son travail de fin d’études conclut cinq années passées au sein de l’atelier et constitue une véritable carte de visite auprès de la profession. « © Pierre Debusschere / Art director : Pierre Daras / Mannequins : Agathe Campet & Mathias Robert / Retouches : 254Forest

LOL, Musée Mode et Dentelle, 12, rue de la Violette, à 1000 Bruxelles. Du 23 juin au 30 septembre prochain. www.fashionandlacemuseum.brussels, www.lacambremode.com, www.lacambre.be

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