La Fashion Week de Milan amputée

La semaine de la mode milanaise s’ouvre ce mercredi dans la morosité avec un calendrier amputé d’une dizaine de défilés pour cause de crise. Le dernier en date : Roberto Cavalli a annoncé qu’il annulait le défilé Just Cavalli.

La semaine de la mode milanaise s’ouvre mercredi dans la morosité avec un calendrier amputé d’une dizaine de défilés pour cause de crise. Le dernier en date : Roberto Cavalli a annoncé qu’il annulait le défilé de sa marque Just Cavalli.

La nouvelle en suit de nombreuses autres : le styliste italien Roberto Cavalli a annoncé l’annulation du défilé de sa ligne bis, Just Cavalli, prévu jeudi lors des collections milanaises de prêt-à-porter femme, en raison des problèmes financiers du groupe qui détient la marque.

« J’ai pris cette décision pour protéger la marque et les clients de Just Cavalli », a annoncé le couturier florentin dans un communiqué. « La situation difficile d’Ittierre (la société qui gère la marque en faillite) ne m’assurait pas de pouvoir être, comme toujours, à l’avant-garde avec ma ligne jeune », a-t-il expliqué.

Le créateur italien promet toutefois de revenir sur le devant de la scène dans de meilleures conditions pour la collection d’été, « avec la même agressivité et le même positivisme, symbole de la marque », dixit Cavalli.

Et pour cause, l’exemple le plus frappant de la violence de cette crise est la faillite d’Ittiere, l’un des fleurons du luxe italien, propriétaire de Gianfranco Ferre et producteur des lignes Versace sport, Just Cavalli ou Galliano. La société s’est placée sous administration judiciaire début février, endettée à hauteur de 300 millions d’euros. Cotée à la Bourse de Milan, elle emploie 1 800 personnes en direct et en fait vivre des milliers d’autres. Elle n’a pas versé les royalties aux marques qu’elle détient sous licence et n’a pas payé ses sous-traitants depuis des mois, après avoir manqué à des échéances de crédit depuis octobre.

Le programme officiel de la Fashion Week de Milan (25 février-4 mars) était déjà amputé d’une dizaine de défilés par rapport aux éditions précédentes, plusieurs petites maisons de couture ayant renoncé à présenter leurs collections en raison de difficultés économiques liées à la crise. Septante-neuf maisons de couture et stylistes figurent au programme officiel de la semaine, contre 93 en septembre pour les collections d’été et 95 en février 2008.

Une dizaine de défilés en moins

Le « Made in Italy » s’alarme de la baisse des commandes et réclame des mesures urgentes pour la filière textile. « Il y a une dizaine de défilés en moins », a reconnu le président de la Chambre de la mode, Mario Boselli, en marge de la conférence de presse présentant la semaine de la mode.

Il a notamment expliqué ces défections par « la prudence » des acheteurs du secteur, qui sont « moins nombreux » que d’habitude à avoir confirmé leur venue à Milan car « ils cherchent à faire des économies ».

Mais si la présentation des collections homme en janvier s’était déroulée « dans un contexte terrible et une atmosphère de crise avec 20% de défilés en moins », Mario Boselli a tenu à souligner que « tous les grands noms de la mode sont présents » dans le calendrier des collections femme.

La dizaine de petites maisons de couture qui ont renoncé à défiler rechignent cependant souvent à reconnaître des difficultés financières. Interrogée par l’AFP, La Perla, célèbre marque de lingerie qui a lancé sa ligne de prêt-à-porter en 2002, préfère invoquer des « raisons stratégiques et non économiques », tandis que la petite marque AB Soul indique du bout des lèvres que son absence est « plus ou moins liée à des coupes budgétaires ».

Le secteur appelle l’Etat à l’aide

Dans ce contexte, le secteur du Made in Italy – textile, habillement, cuir, chaussures, lunettes – a lancé un cri d’alarme la semaine dernière, réclamant à l’Etat des mesures d’urgence pour la filière à l’instar des aides prévues pour l’automobile ou l’électroménager.

« Depuis un mois et demi, toutes les commandes sont bloquées, la situation est explosive,  » a averti le président de la Fédération du textile et de la mode, Michele Tronconi.

« Nous représentons pourtant de 20 à 25% du textile/habillement européen. Notre filière emploie 500.000 personnes et pèse près de 54 milliards d’euros de chiffres d’affaires. Et nous estimons que pour 2008, notre secteur à lui seul dégagera un solde positif de 9,8 milliards d’euros dans la balance commerciale de l’Italie », a-t-il souligné.

Le ministère du Développement économique a annoncé la tenue jeudi d’une « table-ronde » avec les représentants de la filière. Du côté des grands noms de la mode italienne, pas d’affolement en vue, la grande majorité semblant pour l’instant épargnée par la crise.

Giorgio Armani a ainsi inauguré il y a quelques jours un immense « concept store » de 4.000 m2 sur la cinquième avenue à New York. « Je ne me sentais pas de faire la fête au caviar (pour l’inauguration). Par les temps qui courent, on ne peut pas », avait cependant glissé « Re » Giorgio, cité par La Repubblica.

Le styliste florentin Roberto Cavalli a pourtant lui aussi annoncé l’ouverture le 7 mars à Paris d’un magasin de cinq étages Faubourg Saint-Honoré, avant de communiquer sur l’annulation de son défilé de Milan. « Si ce n’est pas une folie en ces temps de crise que nous traversons…! Mais j’y tenais beaucoup. C’était mon rêve », a-t-il confié au quotidien La Stampa.

Ca.L, avec Belga

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content