La semelle rouge, c’est définitivement Louboutin?

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Le chausseur, débouté après avoir porté plainte contre Yves Saint Laurent aux Etats-Unis, pourrait affronter une série de batailles judiciaires dans le futur.

Christian Louboutin, chausseur français chéri de toutes les fashionistas, a perdu l’exclusivité de ses semelles rouges, « signature » de ses modèles. Il a été débouté à l’issue de son attaque en justice de la maison Yves Saint Laurent devant les tribunaux pour « concurrence déloyale » et « violation de marque commerciale ».

YSL venait de lancer des modèles aux semelles rouges aux Etats-Unis. Le tribunal fédéral de New York a considéré que ces dernières, aussi caractéristiques qu’elles soient, ne pouvaient être considérées comme une « marque déposée » à son seul usage. De son côté, Louboutin martèle avoir déposé un brevet outre-Atlantique en 2008. Et la saga judiciaire n’est pas achevée: les deux parties se retrouveront à nouveau devant le juge le 17 août prochain, selon Les Echos. Déposée et refusée
Alors, est-ce que Christian Louboutin risque les batailles juridiques en série partout dans le monde? Ne lui suffisait-il pas de déposer sa fameuse semelle? Sur le site Internet de l’Institut national de la propriété industrielle (INPI), on peut relever les nombreux dépôts de signatures et de semelles. Ces dernières ont d’ailleurs fait l’objet de nombreux refus de la part des Etats-Unis, du Japon, de l’Espagne, du Royaume-Uni… « Le taux d’échec des dépôts de marques est très important. Nous en rejetons beaucoup parce que la forme, la couleur ne peuvent pas être appropriées, car trop communes », explique Annick Berguerand, directrice des marques, dessins et modèles à l’INPI.

Est-ce que la teinte rouge, en tant que telle, vous évoque forcément Louboutin? » objecte-t-elle, avant de préciser que « la philosophie du droit américain privilégie l’usage, tandis qu’en France, c’est le dépôt qui compte. Le juge aura peut-être douté de la reconnaissance unanime de la marque Louboutin chez les Américains. Dépôt effectué par l’entreprise ou non, les tribunaux ont toute compétence pour trancher, et ce partout dans le monde. »

En tout cas, même si ces bijoux de pieds coûtent au minimum 600 euros, les fans demeureront fidèles, au vu des réactions passionnées des lectrices sur notre page Facebook: « La semelle rouge c’est Louboutin!! », »C’est n’importe quoi, si tout le monde se met à faire de la semelle rouge, où va-t-on? », « Dommage de ne pas savoir laisser à Cesar ce qui lui appartient! », « Ces Américains, ils ne comprennent rien à rien! En plus c’est YSL qui est le copieur, n’importe quoi! ». L’homme peut se targuer de ne jamais se faire chiper le coeur des férues de mode.

Anne-Laure Pham, Lexpress.fr Styles

Sur ses gardes A 48 ans, l’homme a su construire un véritable petit empire du soulier de luxe, épargné par la crise. Ses paires étant convoitées par toutes, stars comprises -la consécration a été atteinte en 2009 avec une Jennifer Lopez, chantant « Louboutin » à tue-tête, descendant d’un stiletto géant. 240.000 paires de chaussures se vendraient en moyenne par an aux Etats-Unis, pour un chiffre d’affaires attendu de 135 millions de dollars en 2011.

On imagine donc combien le créateur reste vigilant, s’appliquant à intimider les concurrents à coups de destructions de contrefaçons, relayées en vidéo. Une autre marque brésilienne, Carmen Steffens, a d’ailleurs elle aussi subi les foudres du maître quelques mois après l’ouverture d’une boutique rue de Grenelle à Paris: un courrier du chausseur reprochait l’utilisation de semelles rouges sur certains modèles. Il avait aussi embauché depuis peu un détective privé pour surveiller les créations Dior!

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