Le belge Cédric Charlier, invité d’honneur de La Redoute

Une capsule pour le printemps et sa marque de fabrique sur catalogue. Cédric Charlier en chef de file des nouveaux créateurs, la Redoute a son invité d’honneur.

Un vendredi de Toussaint qui semble ne pas faire les choses à moitié, ciel bas, bourrasques folles, il quitte Paris à l’aube, ou presque, pour retrouver sa famille, direction Gerpinnes, province du Hainaut, 190 mètres au-dessus du niveau de la mer.

La semaine prochaine, il ira comme tous les mois à Rimini, travailler aux prototypes de sa collection hiver 14, dans l’usine d’AEFFE, le groupe italien qui l’a pris sous son aile depuis quatre saisons maintenant, autant de défilés, plus les pré-collections. Mais avant, Cédric Charlier aura passé un peu de temps en Belgique, dans sa maison natale, avec sa grande soeur, qui porte évidemment du Cédric Charlier, sa mère et son père, qui lui demanda de choisir entre l’équitation et la mode alors qu’il se cherchait encore, en fin d’adolescence, lui qui n’était heureusement pas devenu un voyou grâce aux règles si rigides que lui imposa l’état de cavalier.

Il quittera son cheval et ses rêves de champion, s’inscrira à La Cambre mode(s), à Bruxelles, mais ne finira pas le cursus, la faute/la chance à ce prix Moët Hennessy Fashion Award remporté haut la main en 1998. Depuis, Cédric Charlier vit et travaille à Paris pour sa griffe, à son nom, après avoir tracé son chemin chez Céline, Jean Paul Knott, Lanvin et Cacharel, dans sa bio, rien à jeter. Il a appris ici et là ce qu’il devait apprendre, vu ce qu’il ne voulait pas devenir et compris que l’on se forme en réalité toute sa vie,  » sinon à quoi bon continuer « .

Le besoin de s’instruire, d’aller  » vers l’inconnu « , l’envie de s’enrichir de l’Autre, tout cela éclaire ses prunelles. Partager aussi et jouer les go-between, ce qu’il fait avec une élégance discrète : au défilé, son premier du moins, en février 2012, il avait pris soin d’accueillir à l’entrée chacun de ses hôtes, les avait placés, parce qu’il était certain qu’ils pourraient s’entendre, il avait vu juste.

De même, dans son travail, ses recherches, de l’appropriation du corps à la fluidité du mouvement. Il parle du petit caillou que l’on jette et qui fait des ronds dans l’eau, toucher le premier cercle, les initiés, puis le deuxième et le troisième et plus encore, ça le tente, le meilleur moyen, sa collection printemps-été 2014 pour La Redoute, qui n’a pas bouleversé sa manière de penser, il a juste affûté les pièces qui le représentent  » de la meilleure manière « , sans oublier le contexte vépéciste, mais sans restriction aucune. Il y a de la soie, du coton, des découpes au laser, sur ses huit pièces maîtresses, avec attention particulière à la coupe, comment ne pas faire autrement avec lui ?

Car ce qu’il aime, Cédric Charlier, en chef de file de ces nouveaux créateurs qui ont pour eux leur soif de contemporanéité, c’est la création traduite en une garde-robe pertinente,  » le bon produit à un prix juste au bon moment « . Un principe de réalité qui n’altère en rien l’acte originel. Sinon pourquoi aurait-il choisi ce métier-là, qui permet de rêver, peindre, dessiner, chercher de l’autre côté du miroir, écouter ses désirs puis créer un vestiaire cohérent ?

Cédric Charlier ne s’impose aucun mode d’emploi, il suit ses intuitions. Ce qui mène parfois à un défilé où s’invite l’émotion, comme en septembre dernier, où tout s’agença parfaitement, c’est lui qui le souligne, cette  » quiétude  » en backstage, aux premières notes de la bande-son portée par la chanteuse Julia Holter…

Tendre à la parfaite adéquation et y réussir n’est pas donné à tout le monde. Pareil avec ce shooting pour La Redoute : il rêvait d’un mannequin qui aurait pour nom Stella Tennant,  » son mystère, sa façon d’être extrêmement féminine parfois et puis androgyne « , elle s’est piquée au jeu, avec le sérieux qu’elle met en toute chose. Cédric Charlier a dans sa vieille collection de Polaroids un cliché d’elle, qui date de ses débuts à lui, quand il n’était pas encore en première ligne, il l’avait attendue avec impatience, lui avait tiré le portrait, elle était partie, il avait retourné le pola, il était noir, seule s’était imprimée son ombre. Il le regarde parfois et pense, comme il a raison, que la vie va vite.

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