Le grand Mercato

© Reuters/Benoit Tessier

Si J trop imbibé a pété les plombs, que C est en réhab, que V désire « se consacrer à d’autres projets », que fera H, adoubé urbi et orbi par K, en sachant que C déménage à New-York et que LVMH détient plus de 20 % du capital de H ?

Si J trop imbibé a pété les plombs, que C est en réhab, que V désire « se consacrer à d’autres projets », que fera H, adoubé urbi et orbi par K, en sachant que C déménage à New-York et que LVMH détient plus de 20 % du capital de H ? Ne prenez pas la tangente, résolvez-moi cette équation à X inconnues avant le début de la FW SS 12. Traduction pour tous ceux qui n’ont pas la bosse de la mode : c’est la saison des transferts, c’est cyclique, ça pimente les conversations et ça prouve plus que jamais que l’homme est un loup pour l’homme et la planète Fashion, omnivore tendance cannibale. John Galliano éjecté de chez Dior pour cause officielle d’antisémitisme et de racisme, aggravé par une propension à l’alcoolisme désormais notoire, le jeu de chaise musicale pouvait débuter. Qui à sa place ? Riccardo Tisci (Givenchy) était donné gagnant, jusqu’à ce que Bernard Arnault, le patron du groupe de luxe LVMH, déclare le 31 mars que tout cela allait « prendre du temps », qu’il travaillait à la question, et que cette décision « tombera quand une conviction forte se dégagera ». Et que « dans l’intervalle, les studios et les ateliers de la maison produiront les prochaines collections, sous la direction de son PDG Sidney Toledano. ». Un gouvernement en affaires courantes, en somme, on a déjà vu ça quelque part. Ce qui ne ralentit pas les autres valses, pour cause de fin de contrat, d’envie d’aller voir ailleurs, le bel euphémisme ou de stratégie vraiment incohérente. On ne verra donc plus Vanessa Seward chez Azzaro, ni Milan Vukmirovic chez Trussardi, ni Cédric Charlier chez Cacharel. Tandis que Carine Roitfeld (ex-Vogue) débarque en muse et guest editor chez Barney’s, le summum du grand magasin new yorkais, Kim Jones chez Louis Vuitton Homme (exit Paul Helbers), Alistair Carr chez Pringle of Scotland (exit Claire Waight Keller) et que Hermès cherche à vendre sa participation de 45 % dans la maison de couture Jean Paul Gaultier. Tout cela sonne un peu « amour, gloire et beauté », avec ses hauts et ses bas, ses grandeurs et ses décadences, à un rythme toujours plus effréné, c’est le marché qui veut ça. Sauf que chez ces gens-là, on ne parle jamais de date de péremption ni d’argent, ça fait péquenot, comme au Mercato.

Anne-Françoise Moyson

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