Le mystère Margiela

Dans deux jours à peine, (jeudi 15 novembre), la collection Maison Martin Margiela tant attendue sera enfin disponible dans les boutiques H&M du monde entier. Aperçu de cette collection d’exception.


Margiela reste un grand mystère. Qui aurait pu imaginer que ce label réputé pour ses créations conceptuelles et avant-gardistes nouerait un jour une collaboration avec une chaîne de prêt-à-porter ?  » L’union de ces univers opposés surprendra tout le monde « , ont affirmé les intéressés dans un premier communiqué de presse conjoint. Interrogé sur ses attentes vis-à-vis de cette collaboration, le collectif explique vouloir proposer ses créations et ses idées à un public le plus large possible, et ce partout dans le monde.  » Et H&M voulait l’essence même de MMM, sans compromis.  »

Au final, la collection s’apparente à une sorte de best of qui reprend la plupart des créations-phares du dernier quart de siècle.  » Chaque pièce est pourvue d’une étiquette qui mentionne la saison et l’année de l’original. La collection se veut une sorte d’archive, un aperçu de nos plus grands moments… mais elle est aussi prévue pour être une garde-robe d’hiver complète. Nous avons dû faire quelques ajustements pour répondre aux contraintes de la production de masse, mais en restant autant que possible fidèles aux pièces originales, puisqu’il s’agit bien de rééditions. « 

Margiela reste un grand mystère, avec des créations résolument hors normes – des coutures qui s’effilochent, des ourlets inachevés, des doublures qui s’exhibent, des manches déchirées, des épaules démesurées… Chez MMM, on réfléchit aux volumes, on renie la culture des logos, on révèle ce qui est habituellement invisible. On décompose les vêtements, aussi, moins pour les détruire que pour dévoiler leur structure. La plupart de ces codes se retrouvent dans les pièces rééditées pour H&M… à l’exception des plus visibles (les quatre points de couture dans le dos et l’étiquette vide), que la maison réserve à ses propres collections.  » Certaines pièces exposent le processus de fabrication (comme le gilet qui arbore son propre patron), tandis que d’autres appliquent la forme masculine au corps de la femme (la veste aux manches étroites) ou jouent sur l’ambiguïté du vêtement (la robe à effet trompe-l’oeil). Certains ont aussi subi une transformation radicale ou même un changement de fonction, comme la ‘robe horizontale’ ou le pull en chaussettes. « 

Ce sont des pièces comme son pull en chaussettes, ses robes fabriquées à partir de matières plastiques ou de tapis ou encore ses fameuses chaussures  » tabi  » (basées sur les chaussettes japonaises du même nom) qui ont valu à la Maison Margiela sa réputation de véritable ovni du monde de la mode. La revue spécialisée américaine Women’s Wear Daily avait même, il y quelques années, qualifié le label de  » ultimate industry outsider « . La maison a pourtant son QG en plein coeur de la capitale de la mode et propose sagement deux collections par an, conformément aux règles du secteur, tandis que Martin Margiela lui-même a été de 1998 à 2003 le principal styliste de la collection féminine d’Hermès, marque traditionnelle s’il en est !  » Présenter Margiela comme un outsider est une erreur, même si nous avons toujours cru à la démocratisation de la mode et que nous avons souvent présenté nos vêtements dans un contexte qui s’écartait des normes établies. Le fait d’avoir suivi notre propre voie peut donner cette impression, mais cela n’a jamais été notre motivation première.  »

E.D.W.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content