Le tatouage éphémère, nouveau bijou

Dessinés à même la peau ou imprimés sur le vêtement, les tattoos temporaires fleurissent sur les podiums… et dans les dressings.

En 2010 déjà, Chanel avait donné le ton en commercialisant un assortiment de tatouages temporaires. Quatre ans plus tard, les tattoos continuent à inspirer les créateurs qui les intègrent cette fois dans les vêtements eux-mêmes. Les faux tatouages s’invitent sur les podiums. Démonstration avec Ann Demeulemeester, la première à avoir récupéré le phénomène. Pour le défilé printemps-été 2014, le dernier de la Belge qui a, depuis, fait savoir qu’elle tirait sa révérence, les mannequins portaient des collants couleur chair, garnis de motifs noirs ou rouges dans l’esprit du faux tatouage. Même idée chez Vuitton (le dernier défilé signé Marc Jacobs pour la griffe), où la première silhouette était recouverte de lettres noires, peintes à même la peau.

Et pendant la semaine de la haute couture à Paris, certains n’ont pas hésité à détourner les codes du tattoo, souvent avec humour. C’est le cas de Maison Martin Margiela, dont les silhouettes ultracolorées présentaient des hauts brodés de patchs old school : oiseaux, pin-up, coeurs… Chez Viktor & Rolf, des noeuds noir et blanc s’impriment en trompe-l’oeil sur les tutus de danseuses classiques. Une référence directe aux codes chers au duo néerlandais. La maison vient en effet de sortir un nouveau parfum, Bonbon, livré dans un flacon en forme de noeud.

Le tattoo 2.0 est donc temporaire ou faux. Après être entré dans la haute couture, le « body art » se rapproche du vêtement, du bijou, de l’accessoire de mode. Moyen d’expression millénaire, il permet aujourd’hui de livrer son humeur du moment.

Des podiums au dressing

Claire Laffut a bien intégré tous ces ingrédients. A 19 ans, ce jeune mannequin bruxellois a commencé des études de conception de logiciels. Elle dessine depuis toujours. Confrontée à la mode des tatouages, il y a deux ans, elle est prête à franchir le pas. « Je voulais être sûre de mon coup, donc j’ai cherché un papier spécial sur lequel je pouvais imprimer le dessin de mon choix. » Claire porte ses essais en soirée ou pour des photos. Son idée fait mouche.

Ses connaissances en infographie lui permettent d’imaginer un logo et un packaging adapté, et de concevoir un site, où elle vend sa première collection. « Pour cet assortiment, je me suis basée sur les clichés des tatouages que j’ai redessinés à ma façon. » Ancre de marin, roses, tête de mort… Le concept store Hunting and Collecting, à Bruxelles, vend son album comprenant une quinzaine de tattoos éphémères. Rapidement, pas moins de 200 exemplaires sont écoulés.

Un joli succès qui a poussé la jeune femme à prendre un congé sabbatique pour lancer son affaire. L’objectif ? Introduire ses créations dans le milieu des défilés, pour embellir les mannequins. Elle lance cette saison une seconde collection, basée cette fois sur l’art égyptien. « Ce sont des bijoux de peau que j’ai baptisés Luxor. »

De plus en plus de sites voient le jour pour proposer des tatouages éphémères. Vendus entre 5 et 15 euros, ils permettent d’afficher un côté créatif, décalé, branché, voire rebelle. Sans pour autant que ça soit pour la vie.

Par Marie Dosquet

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