Les dames de Shanghai

En ce moment, les marques de mode occidentales ont deux obsessions: la Chine et la vidéo. L’une comme l’autre offrent sans aucun doute des perspectives intéressantes, mais quand on voit le résultat auquel sont récemment arrivées trois grandes maisons quand elles ont tenté de mixer les deux, on se dit qu’elles ne sont pas au bout de leurs peines.

En décembre 2009, Chanel fut le premier à dégainer. Une farce de dix minutes, en noir et blanc, filmée par un Karl Lagerfeld facétieux. Mademoiselle Chanel ne s’était jamais rendue en Chine de son vivant? Qu’à cela ne tienne, on allait lui inventer un voyage imaginaire à Shanghai, voilà tout. Comme souvent quand la mode s’essaie à la vidéo, le résultat manque de rythme, et personnellement je fus choquée de voir les Chinois cantonnés aux personnages secondaires ou joués par des Occidentaux, mais au moins l’ensemble n’était pas dénué d’humour. Aller déguiser ce toyboy de Baptiste Giabiconi en empereur, avouez qu’il n’y avait que Karl pour oser le faire!

Un mois et demi plus tard, c’est Prada qui s’y colle. Miuccia a l’intelligence de confier la réalisation à un Chinois, l’artiste et réalisateur d’avant garde Yang Fudong. Le film est présenté comme une publicité pour la collection homme printemps-été 2010 de la marque, mais on y croise aussi de belles inconnues. Il leur arrive même de ne pas être habillées en Prada! L’atmosphère a beau être onirique et nettement plus authentique que chez Chanel, je ne saisis pas les références et m’y ennuie ferme au bout de deux minutes.

Enfin, avec quelques mois de retard sur ses concurrents, Dior rend à son tour sa copie cette semaine. Mis en scène par David Lynch, le troisième film de la saga Lady Dior dépasse allègrement les dix minutes. Je laisse les plus courageux le regarder en entier sur le site de la marque. Si Marion Cotillard fait de son mieux pour y rendre crédible sa love story avec un amant shanghaïen, j’ai le plus grand mal à accrocher. Surtout, je serais curieuse de savoir ce que les principaux concernés pensent de tout ça. En attendant d’aller, un jour peut-être, leur poser la question sur place, je me dis qu’il serait peut-être temps pour moi de découvrir l’autre dame de Shanghaï, celle d’Orson Welles et du Cinéma avec un grand C.

Par Gerladine Dormoy.

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