Les réfugiés syriens, dont les enfants, une main d’oeuvre illégale et corvéable pour les usines de confection en Turquie

Usine de confection tectile en Turquie, en 2011 © Reuters

Les chaînes de magasins de vêtements H&M et Next ont découvert que des enfants syriens travaillaient illégalement dans des usines de leurs fournisseurs en Turquie, révèle une étude publiée lundi par une ONG britannique.

Selon le rapport de l’ONG Business and Human Rights Resource Centre, qui travaille sur la responsabilisation des entreprises aux questions de droits de l’homme, les deux entreprises sont parmi les rares à être intervenues après avoir découvert la présence d’enfants syriens travaillant dans trois usines turques de leurs fournisseurs (deux de Next et une de H&M).

Mais l’ONG a dénoncé le fait que pour d’autres grandes marques de vêtements, « les travailleurs réfugiés semblent invisibles et loin de leurs préoccupations ». « Peu de grandes marques de vêtements prennent les mesures nécessaires pour protéger les réfugiés dans leur chaîne de production », note le rapport.

L’ONG a interrogé 28 marques et n’a obtenu de réponse complète à son questionnaire que de dix d’entre elles. Au total, quatre marques ont indiqué avoir trouvé des réfugiés travaillant clandestinement dans les usines de leurs fournisseurs en 2015.

La Turquie accueille aujourd’hui plus de 2,2 millions de Syriens qui ont fui la guerre civile en cours depuis 2011 dans leur pays. Environ 250.000 d’entre eux sont hébergés dans des camps près de la frontière mais la très grande majorité se sont installés dans les grandes villes du pays. Ils y vivent dans des conditions très précaires marquées par le travail au noir ou la mendicité, ce qui provoque régulièrement des tensions avec la population locale.

Selon le rapport, entre 250.000 et 400.000 réfugiés syriens travaillent illégalement en Turquie, ce qui fait d’eux des cibles pour les trafiquants.

L’ONG a appelé les marques à s’appuyer davantage sur les syndicats locaux et les ONG travaillant avec les réfugiés pour s’attaquer au problème. Il s’agit d' »un test crucial quant à leurs préoccupations en matière de droits de l’homme », a dit à l’AFP son directeur, Phil Bloomer.

Depuis la mi-janvier, en vertu de nouvelles lois turques, les réfugiés syriens peuvent se voir délivrer un permis de travail six mois après avoir obtenu officiellement un statut temporaire de réfugié accordé par les services d’immigration.

Plus de 10.000 enfants migrants non accompagnés ont disparu en Europe sur les 18 à 24 derniers mois, a affirmé dimanche l’agence de coordination policière Europol, craignant que nombre d’entre eux soient exploités, notamment sexuellement, par le crime organisé.

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