Michelle Obama va-t-elle changer l’allure de l’Amérique?

Avec son chic cool et son soutien aux jeunes créateurs, la nouvelle First Lady apparaît déjà comme la meilleure ambassadrice du style made in USA. Décryptage mode d’une femme d’influence.

Avec son chic cool et son soutien aux jeunes créateurs, la nouvelle First Lady apparaît déjà comme la meilleure ambassadrice du style made in USA. Décryptage mode d’une femme d’influence.

La mode américaine s’est enfin (re)trouvé une First Lady! « She’s our commander in sheath » (jeu de mots qu’on peut tenter de traduire par: « Elle est notre commandant en chef en chiffons »), s’est exclamé le magazine Vanity Fair, qui l’a distinguée comme l’une des dix femmes les plus élégantes au monde. « Depuis Jackie Kennedy, personne n’avait plus scruté la garde-robe d’une première dame », relève, enthousiaste, Thakoon Panichgul, jeune designer américain dont Mrs. Obama a déjà porté les créations. « Elle a une grande confiance en son sens du style. Je pense qu’elle peut réellement influencer les Américaines, car elle est à la fois nouvelle et très différente! » poursuit le jeune homme, qui refuse de dire si, oui ou non, il est on the list pour habiller Michelle le 20 janvier, date à laquelle son mari prendra officiellement ses fonctions de président…

Si Jackie aimait rappeler qu’elle était d’ascendance française et portait régulièrement les créations de Chanel, Givenchy ou Dior, Michelle Obama honore d’abord les Américains. Le soir des élections, le 4 novembre, on l’a vue, flamboyante (mais controversée) en robe rouge et noire Narciso Rodriguez, manière de signifier qu’elle n’a pas l’intention de se fondre dans le décor… Moins qu’une Carla Bruni-Sarkozy, abonnée aux panoplies hyperclassiques et sans danger, sans audace aussi.

Sachant flatter son 1,82 mètre et ses jambes fuselées, Michelle O. est fidèle aux fourreaux monochromes de Maria Pinto (créatrice de Chicago jusque-là inconnue mais dont les ventes ont progressé de 45 % en un an), des tailleurs cintrés de Zero+Maria Cornejo ou des robes à fleurs de Donna Ricco. Elle est aussi la reine de l’accessoire, broches bijoux, colliers de perles ou ceintures (dont une sublime Alaïa qui fit beaucoup pour sa réputation fashion)…

La comparaison avec Jackie O. a des limites. Dans les années 1960, âge d’or de la couture, le style inaccessible de la First Lady relevait du rêve pur. Michelle, au contraire, qui mixe les créateurs avec des trouvailles plus cheap & chic, symbolise la démocratisation de la mode. Avec sa petite robe à carreaux Gap à 30 dollars, portée lors d’un pique-nique caritatif le 4 juillet dernier, comme avec ses colliers de fausses perles, elle s’est positionnée comme la First Lady la plus proche du peuple que les Etats-Unis aient jamais connue, l’ambassadrice d’un chic relax très middle-class. « Ce positionnement est moderne et judicieux en ces temps économiques troublés, décrypte François Durpaire, historien et coauteur, avec Olivier Richomme, d’Obama face à la crise (éd. Demopolis). Son style authentique et raisonnable, très « recessionista chic », est un choix stratégique par lequel elle prouve qu’elle consomme intelligemment. »

Le style de Michelle a déjà un impact sur l’allure des Américaines. Les créateurs, qui se pâment pour cette belle quadra et rêvent tous de l’habiller, s’avouent très influencés par elle. « Elie Tahari vient de lancer un fourreau mauve qu’il a nommé la Robe Michelle », relève Mary Tomer, cofondatrice du site www.mrs-o.org, qui passe au crible les looks de la First Lady. « Je pense que, très vite, nous allons assister à un engouement populaire pour les robes fourreaux et les broches bijoux », pronostique-t-elle. Bonne nouvelle pour les fans du « look Michelle » qui voudraient la copier sans faire sauter la banque, Thakoon vient de créer une collection pour Target Go International, le géant américain de la mode low cost…

Et l’influence de Mrs. O. pourrait aller bien au-delà du superficiel. Quand son mari lèvera la main pour prêter serment, Michelle deviendra la femme afro-américaine la plus visible au monde. « La nouvelle première dame aura la chance d’agir sur l’estime de soi de nombreuses Afro-Américaines et l’occasion de renverser de vilains stéréotypes sur les femmes noires », juge Allison Samuels dans Newsweek. « Grande, mince et dotée d’un corps d’athlète qu’elle entraîne tous les matins, Michelle pourrait encourager les femmes de couleur à prendre mieux soin d’elles-mêmes. Dans une époque où les femmes ont souvent la peau claire ou blanche, les cheveux raides et longs, Michelle ne ressemble en rien aux super-mannequins qui défilent sur les podiums ni aux actrices au teint de porcelaine qui vendent des cosmétiques », poursuit Allison Samuels. « Elle est l’anti-Beyoncé, une vraie femme noire qui porte ses véritables cheveux, pas des extensions. C’est une « sister », comme disent les Américaines noires, une icône de l’authenticité », poursuit François Durpaire. Et, quand des rumeurs bruissent sur le fait que la First Lady pourrait faire la couverture du Vogue USA de mars prochain, de nombreuses jeunes Américaines à peau d’ébène se sentent touchées, voire fières, comme The Black Snob, chanteuse de jazz de Saint Louis (Missouri) et blogueuse en vue.

D’ailleurs, les créateurs de mode eux-mêmes ne réduisent pas la belle Michelle à son seul look. Quand on demande à Diane von Furstenberg en quoi Mrs. Obama est inspirante, sa réponse fuse: « Par son intelligence! N’oublions pas qu’elle était la boss de son mari quand ils se sont connus. Le premier pli d’un couple reste le pli qui marque. » Le 31 mai 1961, John F. Kennedy commentait le voyage de son couple présidentiel à Paris de ces mots: « Je suis l’homme qui a accompagné Jackie Kennedy – et j’ai adoré! » Le 20 janvier prochain, Barack pourrait bien déclarer à son tour être celui qui, modestement, « accompagne Michelle »…

Katell Pouliquen, Lexpress.fr Styles

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