Mitsuru Nishizaki, espoir japonais de la mode

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Le Japonais Mitsuru Nishizaki, qui présentait sa nouvelle collection cette semaine à la Tokyo Fashion Week, a fait sensation, mais être une star au Japon ne garantit pas une renommée internationale.

Ses créations automne/hiver pour la marque Ujoh ont été acclamées dans un show techno, plein d’énergie, sur un podium à plusieurs pistes, exhibant un style BCBG et sportif.

Superpositions de tissus, pulls à col haut fendus sur le côté, chemises boutonnées devant-derrière, long trench déconstruit, l’allure est sobre et décontractée, rehaussée de baskets noires à lourdes semelles.

Le designer de 38 ans, modéliste pendant sept ans chez son compatriote Yohji Yamamoto, s’est lancé à son compte en 2009. Six ans plus tard, il recevait un prix distinguant les jeunes talents, puis en 2016 s’offrait sa première scène européenne à Milan grâce à l’aide de Giorgio Armani, qui lui a mis son théâtre à disposition.

Le célèbre magazine Vogue l’a alors couvert de louanges – « voilà comment les filles cool s’habillent aujourd’hui », écrivait-il -, prédisant un avenir brillant à cette « voix nouvelle et fraîche ».

Mitsuru Nishizaki, espoir japonais de la mode
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Mais il n’est pas facile de marcher sur les traces de ses illustres aînés Issey Miyake, Yamamoto – son ancien patron – ou encore Rei Kawakubo (Comme des Garçons), qui font figure d’exception.

Comment réussir hors du Japon? Ujoh se vend déjà dans une dizaine de villes à l’étranger, Barcelone, New York ou Séoul, mais Mitsuru Nishizaki voit plus loin.

Dans une interview accordée dans son showroom du quartier branché d’Omotesando, l’homme apparaît timide et nerveux, derrière un large chapeau noir. Réticent à se livrer sur son histoire personnelle, il est tout aussi peu disert sur ses collections. Il dit travailler dans le style appris chez Yamamoto, en gardant toujours un esprit ouvert sans arrêter son choix sur une inspiration particulière.

Mitsuru Nishizaki, espoir japonais de la mode
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Subtil équilibre

Est-il plus difficile de percer sur la scène mondiale quand on est un styliste japonais plutôt qu’européen ou américain? « C’est difficile de répondre à cette question et je voudrais bien que vous me donniez des idées », botte-t-il en touche, mais il admet que la Tokyo Fashion Week ne favorise pas la notoriété.

Ses éditions, en mars et octobre, tombent plusieurs semaines après que ne s’achève le quatuor vedette de New York, Londres, Milan et Paris. Si bien qu’elles sont boudées par la plupart des grands médias et acheteurs internationaux.

Mais Misha Janette, blogueuse de mode qui vit au Japon depuis 2004, avance une autre raison: la mode japonaise est simple et décontractée, plutôt que chère et tapageuse, or ce type de vêtements « ne trouvent pas preneurs » dans les hauts lieux de la couture comme Paris. « Je pense que le plus important est d’avoir un équilibre entre des pièces virtuoses, intéressantes qui défendent un point de vue, et des pièces prêt-à-porter. C’est un défi », admet-elle. »La plupart des marques japonaises n’en ont tout simplement pas les moyens, ce sont souvent des filles et des garçons qui dessinent leurs collections seuls dans leur garage ».

La Tokyo Fashion Week prendra fin samedi au terme d’une édition plus audacieuse, en quête de lieux insolites, après s’être cantonnée pendant des années à des centres commerciaux sans charme.

Une marque (Support surface) a ainsi convié des centaines d’invités à l’intérieur d’un nouveau stade, construit comme piste d’entraînement pour les jeux Olympiques de 2020, tandis qu’un autre défilé (Matohu) s’est tenu dans un temple bouddhiste.

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