Mode Homme à Milan: le grand gloubiboulga de Dolce & Gabbana

Monica Bellucci et Naomi Campbell, mannequins stars de Dolce Gabbana © Mondadori
Isabelle Willot

« Les contraires s’attirent » affirment de manière irréfutable les lois de la physique. La même hypothèse transposée à la mode est plus hasardeuse et laissée en tout cas à l’appréciation stylistique de chacun. C’est pourtant ce qu’ont tenté de démontrer les 137 silhouettes du défilé Dolce & Gabbana dans un show très sérieusement intitulé « DNA Evolution ». Cela fait quelques années déjà que les marques ne jurent plus que par leur « ADN », une appellation bien scientifique pour qualifier finalement un concept fourre-tout qui permet au marketing de justifier presque tous ses choix. On refait ainsi l’histoire à sa guise, en ne gardant que ce qui sied au propos du moment, avec tous les dangers que cela peut comporter lorsqu’il s’agit de politique…

Dans une Italie écartelée aujourd’hui gouvernée par deux courants que tout pourtant devrait opposer, Domenico Dolce et Stefano Gabbana ont sur le catwalk tenté eux aussi de réconcilier les extrêmes, ce qu’ils font, assurent-ils, depuis plus de 30 ans maintenant dans leurs collections. Le petit film diffusé avant le début du défilé résumait bien le propos: Dolce & Gabbana, c’est un peu comme « la pasta »: il faut des pâtes et des tomates et par extension du sacré et du profane, des baptêmes et des enterrements, des smokings et des pantalons de jogging, des stars de Youtube et celles d’autrefois, symbolisées par la présence de Monica Bellucci, Naomi Campbel et Marpessa Hennink mais aussi de quelques seniors lookés. A leur côté, on retrouvait bien sûr l’un ou l’autre influenceur à 7 digits à côté de mannequins pro – quasiment absents du podium depuis quelques saisons – et toute une panoplie de « vrais gens » de tous âges et de tous genres, dans un grand élan de fraternité médiatique.

Du côté des vêtements, rien de neuf au contraire, mais plutôt un vaste pot-pourri des succès à peine revisités des années dernières. Une manière pour les deux hommes de « tourner la page », de clore un chapitre de 34 ans, en mettant l’accent sur leur savoir-faire et leurs pièces iconiques, les plus classiques restant celles qui plairaient le plus aujourd’hui à la jeune génération. Et de poursuivre l’histoire, en citant, une fois de plus, Tancredi, incarné par Alain Delon, dans Le Guépard, de Visconti : « pour que rien ne change, il faut que tout change ». La mode n’est-elle pas, dans l’immuable, un éternel recommencement?

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