Olivier Lapidus « rouvre le livre, mais à un nouveau chapitre »

© AFP

Créateur précurseur en matière de mode high tech, Olivier Lapidus fait son retour dans la couture sous son propre nom, dix-sept ans après avoir quitté la griffe fondée par son père Ted Lapidus. « Je rouvre le livre, mais à un nouveau chapitre », résume-t-il.

Cette fois, nulle robe lumineuse ou en fibres végétales comme il en faisait défiler dans les années 1990, en tant que directeur artistique de la maison Lapidus.

La nouveauté réside dans le concept de sa « maison de couture digitale », baptisée Création Olivier Lapidus, qu’il a lancée samedi. Deux premières collections de huit robes chacune, en prêt-à-porter et couture, sont présentées et vendues en ligne, immédiatement et sans saisonnalité.

Les « défilés » digitaux sont des films d’une minute environ, visible sur le site de la griffe, qui se présentent sous forme de « flashs » sur des détails de la collection: « je fais de la flashion », lance, amusé, le couturier de 59 ans, dans un entretien à l’AFP.

« L’idée, c’était de formater un produit de présentation pour le net. C’est l’univers du cinéma, davantage que celui du théâtre qui était la mode depuis cent ans avec les défilés qu’on connaît tous », commente Olivier Lapidus, qui précise toutefois qu’il ne « remet pas en cause du tout les défilés ».

Pas de boutique non plus, même si le créateur n’exclut pas d’en avoir à terme. Pas de stock: les robes, visibles sur le site à 360°C, sont faites à la demande.

« C’est intéressant d’utiliser l’internet non plus uniquement pour du bas de gamme, mais pour vendre nos métiers d’art », estime Olivier Lapidus. Le concept répond bien sûr à des contraintes économiques: « c’est une liberté nouvelle qui permet de lever un capital beaucoup plus petit pour exister ».

A la tête de cette « startup où travaillent une trentaine de personnes », Olivier Lapidus est pourtant loin lui-même d’être « un startuper complet ».

‘autre façon d’innover’

Le couturier est né dans la mode: il est petit-fils d’un tailleur russe émigré, fils de Ted Lapidus qui a marqué les années 1960 et 1970 avec sa mode unisexe et le style safari, et neveu de Rose Torrente-Mett, fondatrice de la maison Torrente.

Diplômé de la chambre syndicale de la couture parisienne, il a été pendant onze ans directeur artistique de la maison Lapidus, jusqu’à l’arrêt de l’activité haute couture en 2000.

Parti ensuite vivre en Chine, où il a remporté des concours d’Etat et habillé l’aviation civile, il est revenu en France en 2003, où il a dessiné ensuite divers gammes d’objets, mobilier, matériaux lumineux, lunettes, travaillé pour Pronuptia, conçu un hôtel.

Aujourd’hui père de deux adolescentes, Olivier Lapidus prônait dès les années 1990 un mariage entre haute couture, artisanat et laboratoires de recherche industrielle, concevait robes à panneaux solaires, en fibres de fruits ou en poussière de pierres précieuses.

S’il a déposé une série de brevets et fait figure de pionnier dans ce domaine, ses créations n’ont pas toujours été bien reçues à l’époque par la presse.

Cette fois, pas de prouesses technologiques: ses premières collections sont faites de robes de soie, ornées de broderies, de dentelle, au style intemporel, inspiré par sa mère, ancien mannequin.

« J’ai rouvert le livre certes, mais à un nouveau chapitre (…) C’est une autre façon d’innover », explique-t-il. « Je suis content d’être en phase avec mon temps et pas trop en avance pour une fois! »

Il travaille avec des couturières et des ateliers parisiens qu’il connaît bien, et toutes ses créations sont fabriquées en France, insiste-t-il.

Ce qui a un prix: entre 2.000 et 6.000 euros les robes de prêt-à-porter. Les robes longues de couture (pièces uniques, sur mesure), elles, se situent « entre quelques dizaines de milliers d’euros et l’infini »: car « si une cliente me demande de mettre de vrais diamants sur sa robe, je m’exécuterai ».

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