On achève bien les créateurs

Hier après-midi, Christophe Decarnin n’est pas venu saluer à la fin du défilé Balmain. Le soir même, WWD expliquait que le directeur artistique de la maison avait récemment été hospitalisé pour dépression.

Hier après-midi, Christophe Decarnin n’est pas venu saluer à la fin du défilé Balmain. Le soir même, WWD expliquait que le directeur artistique de la maison avait récemment été hospitalisé pour dépression. Hint Magazine assurait même qu’il serait interné depuis janvier et qu’il n’aurait pas contribué à la collection automne-hiver 2011 présentée hier. Celle-ci aurait été conçue par l’équipe interne épaulée de Mélanie Ward, la styliste arrivée en remplacement d’Emmanuelle Alt, censée désormais se consacrer exclusivement à Vogue.

McQueen qui se suicide, Galliano qui se noie dans l’alcool jusqu’à commettre l’irréparable, Decarnin qui perd pied… Chaque cas a beau être particulier, ça commence à faire beaucoup de directeurs artistiques qui partent en vrille. A chaque fois, deux caractéristiques communes: une pression professionnelle que l’on devine redoutable, et la perte d’un soutien affectif -la mère chez McQueen, le bras droit chez Galliano (Steven Robinson, mort en 2007), la styliste chez Decarnin.

Face à ce constat, une conclusion s’impose: le système actuel ne peut plus durer. Les enjeux économiques du secteur sont devenus trop lourds pour être portés indéfiniment par une poignée de créateurs stars. Ca n’est pas humain, et il va falloir que ça change. Que les pressions s’allègent, d’une manière ou d’une autre.

A ce titre, le parcours de certains créateurs « survivants » est riche d’enseignements. Je pense par exemple à Phoebe Philo, qui a su quitter Chloé au faîte de sa gloire pour revenir chez Céline à ses conditions (rester vivre auprès de sa famille à Londres et faire venir tout son studio sur place), ou à Hedi Slimane, qui a également eu la sagesse de se retirer pour aller se ressourcer dans la photo. Tous deux ont su se protéger. Mais les autres? Combien d’autres victimes la mode doit-elle compter parmi ses créatifs pour que les groupes détenteurs des griffes décident de réagir?

Géraldine Dormoy

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