Paris: coup de blues chez Dries Van Noten

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Isabelle Willot

Difficile lorsque l’on a un jour vécu au rythme si particulier de la rédaction d’un grand quotidien de ne pas avoir la boule en ventre en pénétrant dans ce qui fut un jour le bâtiment de Libération. Les journalistes ont quitté les lieux il y a plus d’un an et demi et leurs bureaux remplis d’archives laissées à l’abandon s’étaient transformés pour l’occasion en backstage de défilé. A chacun des étages sur lesquels se déroulait le show, des charrettes remplies de boissons et de friandises rappelaient celles des coursiers qui avant l’ère digitale apportaient à longueur de journée les télex et les fax dans les services du journal. Le mythique canard a connu son heure de gloire dans les années septante et il y avait certainement quelque chose de cette époque-là dans la collection de Dries Van Noten. Ce n’est pas la version qu’il en donne, pour lui il n’était ici question que d’une étude sur la couleur, encore faudrait-il s’entendre sur la définition que l’on donne à ce mot tant il serait tentant de parler plutôt de non couleurs comme délavées par l’usage. Même les imprimés si chers à l’Anversois apparaissaient comme passés au filtre du temps, à la manière de ces papiers peints fleuris jaunis par le soleil. Pour Dries Van Noten, il s’agissait donc de voir comme une couleur parfois proposée dans trois nuances différentes sur un même look pouvait influencer les volumes des vêtements, ou du moins la perception que l’on peut en avoir. Un travail qui a ramené le costume au coeur du propos ainsi que d’autres basiques de la garde-robe masculine comme le trench ou le blouson. De l’avis des observateurs de ce défilé aux accents mélancoliques – en fond sonore, on pouvait entendre Miles Davis jouant la BO du film Ascenseur pour l’échafaud-, l’omniprésence du kaki dans toutes ses nuances conférait à certaines silhouettes des accents militaires, un genre qui fait partie du vocabulaire du créateur belge qui l’a déjà traité par le passé avec plus de flamboyance. Mais ce n’est plus semble-t-il ce dont les hommes d’aujourd’hui pourraient avoir envie, la crise et la guerre qui gronde moins loin qu’il n’y parait imposent même à la mode une certaine sobriété.

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