Paris Fashion week, le 6e jour avec Kenzo et Jean-Paul Lespagnard (en images)

Porte de la Chapelle, autant dire Oudsiplou pour la planète flashion. A côté du stade des Fillettes, le skate parc, ses rampes, ses escaliers et ses pentes douces de béton servent de décor au show Kenzo (Paris). Le couple siglé Opening Ceremony, Carol Lim et Humberto Leon, tient un discours environnementaliste bon teint depuis la saison dernière. Il s’agissait alors de sauver les océans, l’eau étant de « l’or », cette fois-ci, de « protéger ce qui est précieux », sachant qu’ « il n’y a pas de planète B », le message passe en boucle en anglais, chinois, arabe et français répété par une voix virtuelle robotique. Le visage d’une jeune fille que l’on dirait imaginée par un algorithme s’affiche sur cinq grands écrans, bienvenue dans le monde du futur, il commence aujourd’hui, avec Kenzo. C’est énervant à la fin, cette invitation vertueuse qui semble oublier combien l’industrie de la mode est pour beaucoup dans la dégradation de cette terre qui n’en peut mais. Le show débute, plié en un petit chapelet de minutes menées tambour battant avec une garde-robe qui remplit ses devoirs de saison : il y avait de la transparence, du denim, de la broderie anglaise, des collages, du volume, du graphisme, autant de thématiques couchées sur le papier d’introduction. L’efficacité est de mise.

Rue Beaubourg, en face du Centre Pompidou, où Marcel Duchamp a pris ses quartiers, Jean-Paul Lespagnard a installé son monde à lui. A l’entrée, le buste en plâtre de Cicéron, chapeauté d’une saucisse sèche. Pourquoi lui, demande-t-on au créateur, avec son sourire d’ange barbu, il répond : « Parce que c’est le grand orateur ». Sur un tapis roulant, des bouteilles en plastique remplie à ras bord de moutarde, étiquetée avec les photos de ses silhouettes. Quatre jeunes femmes emperruquées s’activent à la chaîne. Le mur sert d’écran de projection, où l’une d’entre elles explique comment (bien) fabriquer des saucisses. L’hommage à l’artiste Wim Delvoye est affiché, les remerciements les plus chaleureux à la boucherie artisanale Dierendonck aussi.

Sur les portants, sa collection 1, 2015, titrée « Le savoir-faire ». Et Jean-Paul Lespagnard en a, qui s’aventure au Guatemala, pour dénicher des brodeuses perleuses (et leur association à but social), lesquelles miniaturisent les envies du créateur. Sur un sweat-shirt oeuvre d’art, des carottes, saucisses, crevettes, fleurs, framboises emperlent le devant. Plus loin, sur des jupes et des tops, quelques saucisses ou crevettes constellent le tout, et pourquoi pas, Elsa Schiaparelli et Dali avaient fait de même. Avec JPL, le surréalisme est bien réel. Ce qui n’interdit pas d’avoir les deux pieds dans la réalité. Il a donc travaillé sa collection bien en amont, l’a déjà montrée aux acheteurs en juin dernier, la dévoile urbi et orbi aujourd’hui et demain, elle est en magasin, c’est malin.

Il bouscule ainsi le cycle en signant dorénavant deux collections par an, avec du demi-saison, forcément, et prêtes à l’achat sitôt présentées. Sans rien abandonner de son exigence pour la fonctionnalité, le confort et la liberté de mouvement. Ni les collaborations avec Eastpak, Z-Coll et même Jaguar. Cet homme ira loin.

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