Pourquoi les silhouettes Gucci paraissent-elles si laides?

© Imaxtree
Catherine Pleeck

A la Fashion Week de Milan, le défilé Gucci est un des plus suivis et commentés. Pas seulement parce que les accessoires de la maison italienne se vendent comme des petits pains. Mais parce que la marque a réussi à imposer un univers stylistique original et inspirant, qui n’est certes pas toujours compréhensible au premier regard.

Ses silhouettes mixent les imprimés d’une façon qui semble totalement aléatoire. Les mannequins ont des coiffures et des looks qui paraissent sortis de la mythique série Les Deschiens, époque Canal +, dans les années 90. Il y a des tas de délires et d’incongruités: ces bermudas portés sous les shorts des hommes, avec mocassins, chaussettes en tire-bouchons et gilet de papy. Ces cagoules-turbans qui font penser de loin à un masque. Ces tonnes de bijoux, qui s’enroulent autour du cou. Ces manches exagérément longues. Cette fine couche de tulle qui emballe le tout, tel est un paquet cadeau…

A l’origine de ce show, on trouve Alessandro Michele, arrivé à la tête de la direction de Gucci, il y a un peu plus de trois ans. C’est l’électrochoc, par rapport aux silhouettes sexy et féminines qui étaient imaginées par la marque jusqu’alors. Un vent nouveau bienvenu, énergisant, qui enthousiasme et inspire de nombreux autres labels. Les fleurs brodées sur vos pantalons et blouses, c’est à lui que vous le devez. Ce jeu de vrais faux logos, également. Les mocassins, tout pareil, de même que le retour du monogramme et du double G, de ces volants et de ces looks façon pyjama, avec fleurs japonisantes en prime.

Mais derrière cet univers composé de silhouettes laides en apparence et derrière cette machine de guerre commerciale – son chiffre d’affaires connaît une croissance exceptionnelle, de l’ordre de 42% en juillet dernier -, transparaissent des questions fondamentales. Le créateur interroge, à juste titre, les limites de notre dresscode et la question du genre. Pourquoi, finalement, les hommes ne pourraient-ils pas s’habiller comme les femmes et inversement? Et ne peut-on pas non plus s’amuser avec les catégories, brouiller les pistes, ne plus savoir dans quelle case ranger celui/celle que l’on croise?

Ce n’est pas autre chose que dit Alessandro Michele, dans sa collection pour l’automne-hiver 18-19. Grand amateur de philosophie, il cite d’ailleurs, dans sa note d’intention, le Français Michel Foucault et la question de l’identité. En découle une inspiration autour du thème du cyborg, du fait que nous sommes tous des hybrides, une caractéristique à cultiver au quotidien. Des propos de poids et de fond, qui ne se départissent pas d’une série de futurs must-haves. Pour l’hiver prochain, outre son habituel intérêt pour le costume d’homme et les imprimés fleuris, on appréciera ainsi ces blazers coupés à la façon d’une cape, ces cuirs cloutés, ces épaules carrées ou ces foulards déclinés de mille et une façons. De futurs hits, on vous le prédit.

Catherine Pleeck, à Milan.

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Un look qui en fait frémir plus d’un

Cet effet de cape, également repéré chez Alberta Ferretti.

Au milieu de ces silhouettes peu attractives, apparaissent de magnifiques looks.

Une veste en cuir clouté à tomber.

Ce fin voile qui pare les silhouettes.

Une robe rebrodée qui sort du lot, par sa beauté tout en simplicité.

Des épaules marquées.

Cet effet de cape, grosse tendance potentielle de l’hiver prochain.

Des manches ultra longues.

La beauté d’une robe aux épaules carrées.

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