Rencontre avec Emmanuelle Lebas, lauréate du Weekend Fashion Award 2013

© Etienne Tordoir/Catwalk Pictures

Le jury a été séduit par « la cohérence de sa collection aux formes inoubliables et la force de sa simplicité ». Avec sa collection baptisée Statuary, Emmanuelle Lebas, 24 ans, sortie de La Cambre mode (s) devient la lauréate du 10e Weekend Fashion Award, réalisant l’alliance parfaite de la créativité et de la portabilité. Rencontre à chaud.

C’est une jeune lauréate « hyper contente mais surprise » que nous avons rencontrée, quelques minutes à peine après sa nomination, la folie du spectacle à peine retombée. Contente, on imagine bien : consacrée par un jury de renom composé de 7 professionnels (styliste, acheteur, journaliste, designer) elle repart avec un prix de 10.000 euros. Mais surprise ?  » je n’ai jamais reçu autant de critiques de la part d’un jury » nous confie Emmanuelle Lebas, 24 ans, fraîchement sortie de La Cambre mode(s) et déjà lauréate du prix Codefrisko/Pure en 2013. Un jury sans doute très vite convaincu de la qualité de ce travail – jugé très cohérent – qui cherche la faille, sans manifestement la trouver.

Alors qu’elle a passé l’été à travailler avec les meilleurs artisans, réalisant des pièces irréprochables, peut-être a-t-elle été surprise que le jury distingue ce travail vers lequel elle est revenue, qui n’en est que le premier jet, conçu de A à Z de ses mains. C’est d’ailleurs ce qu’elle retient avant tout de l’enseignement de La Cambre mode(s) : l’acquisition d’un sens de la débrouillardise aiguë. « Dès le premier jour, on est jeté à l’eau, du casting sauvage dans la rue au travail de couturière », passant d’un sentiment d’être face à l’insurmontable à la découverte de ses différentes facettes.

Enfant, elle était attirée par cet univers. Sa mère travaille dans un atelier de couture pour la réinsertion sociale. Un jour – elle doit avoir avoir une dizaine d’années – un étudiant de La Cambre débarque pour y achever sa collection de fin d’année. Elle assiste à l’achèvement de ce travail et au défilé. Depuis, l’évidence de vouloir évoluer dans cet univers ne l’a jamais vraiment quittée.

Elle admire Madeleine Vionnet, Madame Grès, pour leur travail de la matière. Rien d’étonnant, quand on sait qu’elle ne passe jamais ou presque par le dessin, mais compose directement sur le buste, parce qu’elle aime ce contact avec la matière.

La suite…

Ce prix de 10.000 euros, elle veut avant tout l’utiliser intelligemment, peut-être pour amorcer une collection capsule, pour « voir comment ça marche », un projet commercialisable, pour lequel elle trouverait des acheteurs.

Dans l’avenir, elle souhaiterait se concentrer sur les détails, les accessoires, mais à plus court terme, elle ne serait pas contre passer quelque temps au sein d’une maison, pour en apprendre encore plus.

On ne la quittera pas des yeux.

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