Sandro en mode majeur

Avec une centaine de boutiques dans le monde, la marque au style romantico-rock colle à la peau des jolies bobos. Evelyne Chetrite, sa créatrice, nous confie les dessous d’un succès.

Avec une centaine de boutiques dans le monde, la marque au style romantico-rock colle à la peau des jolies bobos. Evelyne Chetrite, la créatrice de Sandro, nous confie les dessous d’un succès.

Une allure de Parisienne chic et bohème. Des yeux noir Orient, surlignés de khôl, qui rappellent son pays natal, le Maroc. Une attitude oscillant entre timidité et assurance de self-made-woman. Drôle de femme, Evelyne Chetrite. Lorsque, en 2004, la styliste lance sa marque de prêt-à-porter, elle ne s’attend pas à un succès aussi fulgurant. Ses petites robes romantiques, ses gilets en grosse maille torsadée et ses tops en dentelle conquièrent les Françaises en un clin d’oeil.

Sandro, ce nom aux consonances italiennes, arrive vite jusqu’aux oreilles de Claudia Schiffer et de Scarlett Johansson, lesquelles, de passage à Paris, ne résistent pas au charme de la griffe. Mademoiselle Johansson est repartie de la boutique de la rue Vieille-du-Temple avec des blouses en soie fleurie et un sac de coton tye and die. Claudia Schiffer est rentrée à Londres avec un cardigan gris en laine dentelée. En cinq ans, la marque a ouvert plus de 100 boutiques et lancé une nouvelle collection homme, dessinée par le fils d’Evelyne, Ilan Chetrite.

Flash-back sur une réussite.

Ses débuts… à 10 ans

« De Rabat, où j’ai grandi, je garde le souvenir des souks et du magasin de chemises de mon grand-père. Ma tante, couturière, faisait tous mes vêtements sur mesure. Ma mère portait des caftans blancs, simples et élégants, rehaussés de ceintures en argent. A 10 ans, j’ai dessiné ma première robe: une tunique flottante en tissu liberty avec des manches bouffantes.

Je regardais ma grand-mère la coudre et je rêvais d’en dessiner d’autres. C’est un modèle que j’ai repris pour Sandro. A 14 ans, j’ai débarqué à Paris. Le week-end, je travaillais comme vendeuse aux Puces. Dans ma tête, j’étais déjà styliste, mais, pour faire plaisir à mes parents, j’ai étudié le droit. A cette époque, j’ai rencontré mon futur mari. En 1984, il a monté une société de prêt-à-porter et m’a demandé de le rejoindre comme styliste.

Pendant vingt ans, nous avons vendu nos créations à des multimarques, puis ouvert notre première enseigne dans le Marais, baptisée Sandro. Le prénom que nous avions imaginé pour notre premier enfant! Tout est allé si vite: en 2007, des anciens du Comptoir des cotonniers, Elie Kouby et Frédéric Biousse, se sont associés à notre maison. En deux ans, nous avons ouvert 80 boutiques! »

Sa muse : la Française

« La femme française représente à mes yeux l’élégance, la féminité, l’originalité. C’est Catherine Deneuve dans Belle de jour, si prude et sensuelle dans sa robe noire à parement blanc signée Yves Saint Laurent. C’est Brigitte Bardot, chemise nouée à la taille. Ou Audrey Tautou, avec ses robes légères comme les nuages.

Regardez-les, ces Françaises, marcher dans les rues: aucune ne se ressemble! Elles ne tombent jamais dans le piège du total look, si typique des Américaines. Quand je crée mes collections, je pense toujours à cette liberté: je joue avec les styles, les époques. Je mélange une blouse poudrée et froufroutante année 1940 et un jean large tout confort. Ou une chemise à carreaux, un slim et une paire de derbys. Tout est là: le romantisme, la modernité, une touche d’extravagance… »

Ses best-sellers

« Ma spécialité? Les robes! A fleurs, à carreaux, en dentelle, en soie… La première que j’ai réalisée était blanche, sans manches et au genou. Boutonnée sur le devant, elle évoquait une tenue d’infirmière, sexy mais pas moulante. Puis il y a eu la longue tunique bohème: fluide, en tissu patchwork, rehaussée d’un plastron de velours et de deux petits liens bordés de perles. Je la décline dans toutes mes collections.

Le modèle phare de Sandro est la robe « femme fatale ». Noire, près du corps, en satin de soie, son décolleté en V met en valeur la poitrine. J’ai aussi une passion pour les tops romantiques, aux matières qui bruissent, ornés de dentelles, de volants… Enfin, je ne renie pas mon côté rock. Pour cet été, j’ai créé des tee-shirts imprimés léopard, portés sur des jeans slim et des tiags. »

Ses inspirations

« La rue est mon laboratoire préféré. Je voyage avec une caméra dans les yeux. Tokyo a beaucoup influencé mes dernières créations. J’ai voulu transposer en vêtements la sensation que me donne cette ville de contrastes, où l’architecture se renouvelle perpétuellement dans une anarchie totale, entre maisons en miniature et buildings immenses. A partir de là sont nés mes blazers étriqués de petite fille, que j’associe à des baggys…

Je m’inspire également du cinéma, en particulier des femmes de Woody Allen. J’adore le look de Diane Keaton dans Annie Hall: son pantalon « loose », son gilet, sa cravate… Ou les tenues de Scarlett Johansson dans Match Point, avec ses bermudas informes et ses hauts ultraféminins. J’ai emprunté ce côté à la fois masculin, touchant et plein d’humour. Sandro rime aussi avec le jeu: une chemise smoking un peu trop grande, à la David Niven, un chapeau à la Charlie Chaplin… »


L’homme
« Le succès de Sandro homme, je le dois à mon fils Ilan, l’auteur de nos collections. Il y a deux ans, Ilan a déboulé dans mon bureau, m’annonçant qu’il voulait travailler dans la mode. Il avait 24 ans, sortait de Dauphine… Je lui ai fait confiance. En à peine quelques mois, il a su inventer un vrai style pour un homme urbain, un peu poète et dandy, attiré par des touches ethniques. Ça lui ressemblait.

Pour la première saison, il a créé des chemises en coton lavé, des chèches, des cabans doublés de carreaux bûcheron… Ilan a conçu ses propres boutiques Sandro homme, des écrins où l’on trouve aussi des livres d’art et de la musique.

Ses best-sellers de l’été 2009? Des pulls tout fins en jersey avec une encolure arrondie, des tee-shirts sérigraphiés et des trenchs trois-quarts. Quand j’ai vu Vincent Cassel porter les créations d’Ilan, j’étais fière! Petit, j’adorais l’habiller: j’ai encore une photo de lui avec une chemise à col jabot et un bermuda en velours noir. On aurait dit d’Artagnan. Aujourd’hui, il trouve ça ridicule. Avec sa ligne, il prend sa revanche! »

Paola Genone, Lexpress.fr Styles

Sandro, Rue Antoine Dansaert, 711000 Bruxelles02-512.86.60

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