Les magasins outlets sont-ils une arnaque ?

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Si vous raffolez d’une séance shopping avec des marques à prix cassés, ceci ne devrait pas vous plaire. Selon un reportage allemand, il ne s’agirait la plupart du temps que de fausses bonnes affaires. Et dans certains cas, on frôlerait même l’arnaque.

Selon le programme d’investigation allemand WDR Recherchen, ces paradis des prix réduits ne seraient mirifiques qu’en façade. Lorsqu’on gratte un peu, la réalité serait beaucoup moins reluisante. Par exemple celui qui pense qu’il achète simplement une pièce soldée de la collection de l’année dernière se trompe. Il n’est en effet pas rare que les pièces vendues dans ces outlets aient été produites spécialement pour ces magasins. Selon les journalistes qui ont enquêté sur l’affaire, les pièces qu’ils ont repérées de marques comme Tommy Hilfiger, Hugo Boss ou Levi’s n’ont jamais été vendues dans les boutiques officielles.

« En fait, ce genre de pratique ne devrait pas être permis puisque cela gruge le consommateur » dit Wendy Luyckx de la fédération Creamoda dans De Morgen. « Si sur une étiquette, on indique que le prix a baissé de 200 euros, mais que le vêtement n’a jamais été vendu en magasin sur quoi se base la réduction ? » se demande-t-elle encore. « On n’est pas contre les outlets, mais cela doit être fait d’une manière correcte et honnête. »

D’autant plus que les pièces de ces collections parallèles destinées aux magasins de déstockage sont souvent de moindre qualité. Du tissu moins bien tissé, des coutures moins solides ou encore des vêtements qui rétrécissent plus facilement, le reportage montre que pas moins de 5 sur les 7 pièces analysées présentaient un défaut. C’est d’autant plus trompeur que ces défauts sont difficilement détectables pour un oeil non averti.

Les journalistes du reportage ne se sont pas uniquement basés sur des outlets en Allemagne. Ils ont aussi été faire un tour dans celui de Roermond qui se trouve aux Pays-Bas, non loin de la frontière belge. On notera tout de même que Maasmechelen Village n’a pas été repris dans le reportage bien que celui-ci vende également des marques comme Tommy Hilfiger, Hugo Boss et Polo Ralph Lauren dit encore De Morgen. Les commerçants de ce complexe n’ont pas souhaité dire s’ils vendaient eux-aussi des collections spécialement créées pour les outlets. Selon Luc Ardies de Mode Unie (la section mode au sein d’Unizo) « la pratique serait néanmoins courante bien qu’on se heurte très souvent à un manque de transparence ». Pour lui les autorités ne font pas assez pour résoudre la situation.

On notera que cela vaudrait également pour les outlets en ligne.

Certaines marques verraient dans cette filière une manière d’élargir leur marché à moindres frais tout en augmentant leur marge de bénéfice. Pourtant, selon la professeure Ysabel Nauwelaerts de la KU Leuven, c’est une stratégie risquée pour les marques. « Car réduction ou non, si le vêtement est de mauvaise qualité, les gens hésiteront à racheter un vêtement de cette marque. De quoi ternir à terme le prestige de la marque. »

Kris Peeters va faire examiner la qualité des produits ‘outlets’

Le ministre de la Protection des consommateurs, Kris Peeters (CD&V), a réagi en demandant à l’Inspection économique d’examiner la qualité des produits vendus dans les magasins outlet.

« Un fabricant qui produit sciemment des vêtements de moins bonne qualité pour les magasins outlets, sans que le consommateur soit informé de cette qualité moindre, trompe le consommateur et viole la loi », réagit Kris Peeters. « Une tromperie volontaire peut valoir des amendes allant jusqu’à 200.000 euros. Je donne à l’Inspection économique la mission d’enquêter sur ce dossier et de mener des tests en laboratoire sur les produits de marque vendus dans les outlets. »

Le vice-premier ministre fait encore remarquer que le terme d' »outlet » n’est pas une appellation légalement protégée. Il doit donc être entendu dans le sens que le consommateur moyen lui donne, c’est-à-dire la vente de produits de marque – souvent des vêtements et autres textiles – des saisons précédentes, qu’on ne retrouve plus dans les magasins classiques et qui sont vendus à des prix plus bas dans les outlets.

Avec Belga

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