Tout savoir sur Stella McCartney, « fille de » au talent engagé

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Catherine Pleeck

A la tête de son propre label depuis 2001, la fille du célèbre Beatles a prouvé que ses convictions en faveur de l’environnement et du bien-être animal n’étaient pas une lubie. Ce qu’il faut savoir de cette végane de la première heure.

Elle vient de se séparer de Kering

Elle a bien grandi, Stella McCartney. Désormais capable de voler de ses propres ailes, de s’assumer sans l’aide de personne. Quand, en 2001, la créatrice lance sa marque de mode éponyme, elle le fait avec le soutien du groupe de luxe Kering, propriétaire de maisons comme Gucci, Saint Laurent ou Bottega Veneta. Le géant français souhaite 51 % des parts, la Britannique ne cédera pas, ce sera 50-50. Une alliance qui permet à la jeune femme de bénéficier non seulement d’un soutien financier, mais surtout d’acquérir une expertise d’envergure en matière de production et de distribution. Quelque dix-sept ans plus tard, la voici qui prend son envol. Le 28 mars dernier, elle a en effet annoncé le rachat des parts de Kering, pour devenir l’unique propriétaire de l’entreprise portant son nom. Aujourd’hui, 750 personnes travaillent pour le label, fort de 52 boutiques – son nouveau flagship store, le plus grand et le plus eco-friendly, ouvrira en juin prochain, sur Bond Street, à Londres.

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Son nom n’a pas toujours été un avantage

Ce n’est pas parce qu’on est la fille d’un célèbre Beatles que tout le monde vous ouvre grand les bras, que du contraire. Lors de son défilé de fin d’études à la prestigieuse université londonienne Central Saint Martins, ses copines Kate Moss et Naomi Campbell défilent pour elle, son père, Paul McCartney himself, crée la bande-son, et sa collection est tout de suite achetée. De quoi faire grincer des dents quand deux ans plus tard à peine, celle qui a tout juste 25 ans prend la relève de Karl Lagerfeld, à la tête de la maison parisienne Chloé. Un créateur new-yorkais la qualifiera de créatrice dénuée de talent, quand le kaizer de la mode susurrera qu’ils ont avant tout choisi, pour le remplacer, un nom connu dans l’univers de la musique et non pas de la mode. Qu’importe, Stella en a vu d’autres durant sa jeunesse surexposée. Elle prendra exemple sur ses parents, Paul et Linda, qui se sont construits seuls, lui comme chanteur, elle comme photographe et mannequin. Deux réussites qui prouvent que le travail paie. Il en sera de même pour elle : la preuve est que sa société fait désormais 250 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel, selon certaines sources bien informées, et ses collections, tant pour sa marque que pour Adidas, sont largement applaudies.

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Une végane dans l’univers du luxe

Malgré ses parents célèbres, Stella et ses trois frère et soeurs grandissent dans une ferme rustique, en Ecosse. Ils vont à l’école publique et mangent les légumes du jardin. Sa mère, pionnière de la cause animale, y sensibilise ses enfants. C’est donc tout naturellement que la créatrice, végétarienne depuis toujours, fait de la non-cruauté envers les bêtes l’une des valeurs clés de sa griffe. Au programme : de la couture pointue, des coupes et tissus de qualité, le tout sans utiliser de cuir, de fourrure ou de plumes. L’impact de sa mode sur l’environnement est également réduit au maximum, et ce bien avant que le sujet ne soit dans l’air du temps. Et la démarche est cohérente à tous les niveaux : pas question, par exemple, de commercialiser sa ligne de beauté en Chine, où la loi exige des tests sur nos amis poilus. Et tant pis si cela implique de renoncer à de substantiels revenus…

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Elle ne fait pas de compromis

 » Je pense que la plus belle des reconnaissances est de voir quelqu’un acheter l’un de mes sacs Falabella, une paire de chaussures ou une jupe en similicuir, sans savoir que ces articles ne sont pas fabriqués en cuir véritable. C’est vraiment là que cela devient sexy. Vous ne fournissez pas seulement une alternative, vous créez un excellent produit « , confiait la créatrice au magazine Vogue, l’an dernier. Avec l’évolution des technologies, l’esthétique green s’affine, de nouveaux matériaux sont en train de voir le jour. La griffe britannique collabore ainsi avec la start-up américaine Bolt Threads, qui cherche à imiter la soie d’araignée, aussi souple que résistante. Objectif ? Concevoir une version synthétique, fabriquée à partir de levure géné- tiquement modifiée, fermentée dans du sucre et de l’eau. De quoi ouvrir le champ des possibles pour Stella McCartney, sans pour autant perdre en style et en créativité.

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Son combat, moteur de changements

Si la quadra est fière d’être aux manettes de la seule maison de luxe à prêter autant attention à ces problématiques, elle ne peut s’empêcher d’être déçue de ne pas être davantage imitée. Et la Londonienne de s’indigner que les procédés de fabrication de certains matériaux, comme la soie, n’aient pas évolué depuis plusieurs milliers d’années.  » Il y a une résistance à l’innovation, regrettait-elle fin 2017 dans le magazine américain Fast Company. Ma motivation n’est pas d’être la première à concevoir de nouvelles matières plus éthiques. Il s’agit d’initier de véritables changements, dans une industrie qui en a désespérément besoin.  » Sensibiliser, inciter d’autres acteurs à s’engager sur la même voie.  » Je vois que certaines grandes maisons commencent à envisager leur business de façon plus durable. Mais cela pourrait être fait plus rapidement.  » Et la végane d’inviter les consommateurs à changer leurs comportements d’achat. Car rien de tel que la pression du marché pour obliger l’industrie à évoluer…

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