Anvers, éternelle capitale mondiale du diamant

Diamant de 30 carat, Anvers 2016 © Reuters

Les diamants qui scintilleront tout autour du monde mercredi en ce jour de la Saint-Valentin auront pour la plupart transité par un terne quartier du grand port belge d’Anvers.

Plaque tournante du diamant depuis près de six siècles, Anvers se maintient en tant que capitale mondiale du secteur, malgré la vive concurrence nouvelle du Moyen-Orient et de l’Asie.

Gare d'Anvers
Gare d’Anvers© iStockphoto

Le quartier diamantaire, à proximité de la gare d’Anvers-Central –un des plus beaux monuments ferroviaires au monde– et du populaire zoo, est un peu décati, gris. A l’opposé des pierres ostentatoires qui y circulent, et ce pour une bonne raison: la sécurité.

« C’est un mini Fort-Knox », explique Shashin Choksi, un négociant d’origine indienne, qui vient tout juste d’expédier à Hong Kong pour 300.000 dollars (243.000 euros) de diamants polis.

Indiens de plus en plus, souvent originaires du Gujarat (ouest de l’Inde), et juifs orthodoxes — une des plus importantes communautés hassidiques d’Europe est installée à Anvers — s’y partagent traditionnellement le marché du diamant.

D’énormes richesses dorment dans des coffres-forts derrière des façades usées par les intempéries, sous l’oeil de 2.000 caméras. Pour entrer, il faut passer par des portes électroniques qui gardent le « Diamantkwartier », petit entrelacs de trois rues, au coeur de la prospère métropole de la Flandre, deuxième ville du pays. La police « veille sur vous », rappelle une affiche collée à l’intérieur des bâtiments de la zone.

Cosmopolite

« Si vous achetez un diamant ou si vous envisagez d’en acheter un pour la Saint-Valentin, il y a de fortes chances pour que ces diamants aient déjà traversé Anvers », explique Margaux Donckier, porte-parole du syndicat professionnel Antwerp World Diamond Center (AWDC).

Au total, 84% des diamants bruts et 50% des diamants polis du monde entier, généralement les plus gros et les plus coûteux, transitent par le port flamand.

En 2016, les 1.700 sociétés de négoce de diamants anversoises ont importé ou exporté pour 48 milliards de dollars (39 milliards d’euros) de carats.

M. Choksi loue le milieu cosmopolite d’Anvers, où travaillent des négociants de son Inde natale mais aussi d’Israël, du Liban, de Russie, de Chine, du Japon ou de Corée du Sud, plus de 70 nationalités au total.

Les fêtes de Noël sont la meilleure saison pour son entreprise, précise-t-il, mais certains clients préfèrent la Saint-Valentin, le Nouvel An chinois ou la célébration de Divali, le festival des lumières indien.

C’est d’ailleurs le commerce européen avec l’Inde qui a permis à Anvers de devenir la capitale mondiale du diamant au 15e siècle.

Aujourd’hui, les mines indiennes produisent peu par rapport à celles de Russie, d’Afrique, d’Australie ou du Canada, mais Bombay reste un carrefour commercial et Surate, dans le Gujarat, un centre important de taille et de polissage.

.
.© iStockphoto

Héritage

Anvers est dorénavant confrontée à la concurrence de Dubaï, des Émirats arabes unis, de Ramat Gan en Israël ou de Hong Kong et Shanghaï.

Cette concurrence existe « depuis au moins dix ans maintenant, mais nous sommes toujours les premiers », insiste Margaux Donckier. « Nous ne gardons pas seulement notre héritage, nous investissons aussi dans l’avenir pour garder Anvers à cette place », ajoute-t-elle.

La métropole portuaire belge reste le lieu de prédilection des géants diamantaires mondiaux, comme le russe Alrosa et le sud-africain De Beers. « J’ai sur ma table le monde entier, pourquoi irais-je ailleurs? », résume Shashin Choksi dans ses bureaux protégés par de nombreuses serrures.

Le négociant, qui travaille avec sa femme Vinita, gagne environ 6,5 millions de dollars par an (5,3 millions d’euros), une broutille par rapport aux 800 millions de dollars (648 millions d’euros) que les plus grands diamantaires d’Anvers peuvent, selon lui, engranger.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content