Des étudiantes se font financer par des hommes riches: « l’amour est un concept inventé par des pauvres »

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C’est comme souvent, un vent nouveau qui nous vient des USA. Là-bas, on le sait, les études coûtent cher et la plupart des étudiants contractent des prêts. Pour les assurer, un job estival ou le week-end ne suffit pas toujours. D’où l’idée de ce site : se faire financer par des hommes (ou femmes) plus âgés, en échange d’un retour.

Ce système – que l’on pourrait baptiser « sugar relation » – qui met en rapport un « sugar daddy » (ou sugar mommy quand ce sont les femmes qui mettent la main au porte-monnaie) et un sugar baby est plutôt répandu, si l’on en croit le nombre de sites web, pages Tumblr et autres forums sur le sujet. De là à penser que nombreux sont les étudiant(e)s à y trouver une activité complémentaire rentable, il n’y a qu’un pas.

La question se pose néanmoins de savoir s’il ne s’agit pas là d’une forme organisée de prostitution qui ne dirait pas son nom, même si les nombreux messages et commentaires sur les sites tentent de nous convaincre du contraire, à savoir qu’il s’agit d’une affaire « économique et commerciale » entre l’étudiante et le vieil homme en question. Prenons l’exemple du site de rencontres Seeking Arrangement, qui comptabilise quelque 3.600.000 membres à travers le monde, offrant des pages, en anglais, français, néerlandais, espagnol, portugais, allemand… Comme aime le rappeler le site, la communauté compte donc 3,6 millions d’utilisateurs qui se répartissent en 2,6 millions de sugar babies et 1 million de sugar daddies et mommies, dans 139 pays du monde.

Le « sugar daddy » et le « sugar baby », une jeune personne, étudiant(e) ou non, ayant besoin d’argent ou à la recherche d’un revenu supplémentaire, peuvent s’inscrire aisément sur le site. Il faut dès lors être clair sur les termes de l’arrangement, d’un bord comme de l’autre. Êtes-vous d’accord d’assister à des soirées ou de partir en voyage avec votre sugar partenaire ?

Le sugar daddy doit de son côté mentionner ce qu’il attend de son sugar baby en échange de son soutien financier.

Pour le créateur de ce site qui semble promis à un avenir florissant, « chaque relation réussie repose sur une entente entre les deux parties. En affaires, les partenaires signent des accords d’entreprise qui définissent leurs objectifs et leurs attentes. De même, les relations amoureuses ne peuvent fonctionner que si deux personnes sont d’accord sur ce qu’elles attendent et ce qu’elles peuvent donner et recevoir de l’autre. » Un deal comme un autre en somme.

Autre point notable, un sugar daddy est autorisé à « prendre soin » de 8 sugar babies au maximum. Il doit aussi indiquer à quel point son compte est bien approvisionné. Certains accèdent au rang de membres « premium », gage pour le sugar baby qu’il a affaire à la fine fleur des financeurs.

« L’amour est un concept créé pour les gens pauvres »

Brandon Wade, fondateur de ce site de mise en relation des « sugar », note qu’1,4 million des profils présents sur son site sont des étudiants, du monde entier. De son côté, le Telegraph a même établi le classement des universités britanniques comptant le plus de nouvelles recrues pour les sites de ce type. Westminster, Kent et Cambridge constituant le trio de tête.

Selon Wade, « quatre diplômés sur dix peinent à trouver du travail, tandis que les trois quarts ne seront pas capables de rembourser leur prêt. Faire du ‘sugaring’ aide non seulement à financer la poursuite des études, mais pour une grande majorité de ces hommes et femmes cela permet une situation financière plus solide jusqu’à l’obtention de leur diplôme voire d’un emploi ». Selon les chiffres disponibles sur le site, le sugar baby moyen consacre son « allocation » à son loyer, ses livres et ses frais de scolarité. Mais à en croire les témoignages sur les autres sites, les sugar babies se font également offrir robes de luxe, sacs à main et voyages exceptionnels.

Une meilleure alternative à la prostitution

En Belgique, le système n’est pas encore fort implanté, ce qui ne ne signifie pas que les étudiant(e)s et les jeunes Belges ne connaissent pas le système et ne l’utilisent pas. « Le loyer de mon appartement est payé par mon ‘sugar daddy’ et il l’a meublé de sièges en cuir et de mobilier design sans regarder à la dépense. L’argent de mon ‘sugar daddy’ me permet de vivre une période étudiante insouciante et de temps en temps je peux faire un bon shopping » explique une fan flamande.

« Il n’est pas nécessairement question de relations sexuelles »

L’étudiante en question n’est pas obligée de se déshabiller pour autant. Elle a convenu avec son « sugar daddy » qu’elle l’accompagnerait notamment en voyage. « D’après moi, il s’agit d’une bien meilleure alternative que la prostitution, que beaucoup de jeunes filles pratiquent pour les mêmes motifs. Ici, on est beaucoup mieux loti et il n’est pas nécessairement question de relations sexuelles ».

Pas seulement « des vieux »

Une deuxième étudiante nous fait savoir qu’elle est « en pleine négociation » avec son futur « sugar daddy ». « Nous avons eu une première rencontre dans un restaurant étoilé. Là nous avons discuté pour voir si on allait bien s’entendre. Ensuite, le trentenaire, il n’y a donc pas que des ‘vieux’, m’a reconduite chez moi en voiture de sport » nous raconte-t-elle. « Il faut vraiment voir le système comme un accord économique, dans lequel le « sugar daddy » ne peut pas exiger n’importe quoi sous prétexte qu’il paie » explique la jeune fille.

Cependant, il ne faut pas espérer d’histoires romantiques, car dès que les émotions prennent le pas, les « sugar daddies » peuvent tout annuler, ce qui est confirmé par la seconde étudiante que nous avons interrogée. « Mon éventuel ‘sugar daddy’ m’a raconté qu’un jour il avait soutenu une étudiante financièrement. Mais lorsqu’un peu plus tard, elle est venue pleurer devant sa porte pour lui faire part de ses problèmes personnels, il a immédiatement résilié l’accord ».

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