Enchères YSL/Bergé: la Chine réclame deux bronzes

Le monde de l’art se passionne pour la « vente du siècle » de la collection Yves Saint Laurent et Pierre Bergé mais seules deux pièces intéressent la Chine, qui réclame leur retour: des têtes de rat et de lapin en bronze pillées à Pékin il y a près de 150 ans.

Le monde de l’art se passionne pour la « vente du siècle » de la collection Yves Saint Laurent et Pierre Bergé mais seules deux pièces intéressent la Chine, qui réclame leur retour: des têtes de rat et de lapin en bronze pillées à Pékin il y a près de 150 ans.

Les têtes, évaluées entre 8 et 10 millions d’euros pièce, faisaient partie d’une fontaine à eau imaginée au XVIIIe siècle par le jésuite français Michel Benoist.

L’ensemble jouait sur le thème des 12 animaux du calendrier chinois, devant un des palais de style occidental de l’empereur Qianlong (1735-1795), construit au Palais d’été, dans le nord-ouest de la capitale.

« Le droit de propriété de la Chine sur ces objets ne peut pas être remis en cause, ils doivent revenir en Chine », a déclaré la porte-parole du ministère des Affaires étrangères Jiang Yu.

« Mettre aux enchères des pièces pillées en temps de guerre non seulement blesse les sentiments du peuple chinois mais porte atteinte à ses droits culturels, tout en violant les conventions internationales », a-t-elle poursuivi.

Un groupe d’avocats a promis de tout faire pour empêcher la vente des objets en lançant des poursuites. « Le sac du Palais d’été, c’est une plaie qui n’a jamais été refermée. Vendre ces objets, c’est comme mettre du sel dessus, la réaction ne peut être que plus forte », lance l’avocat de Pékin Liu Yang, qui mène l’offensive.

Cependant, des obstacles légaux risquent d’empêcher ces poursuites. Le droit international qui interdit le commerce illégal d’oeuvres d’art et de biens culturels n’est en effet pas rétroactif et ne peut être appliqué dans le cas de biens volés dans les années 1860.

A Paris, Christie’s a souligné être dans la légalité. « Aucune action n’a été engagée par qui que ce soit concernant les têtes pour la bonne raison que tout est légal », a déclaré un porte-parole de la maison qui doit disperser la collection à partir de lundi.

Cinq des 12 têtes – singe, buffle, tigre, cheval et cochon – ont pu être récupérées ces dernières années par la Chine, achetées par le groupe Poly, conglomérat public dépendant de l’armée, et par le milliardaire hongkongais Stanley Ho, notamment lors d’enchères.

Quatre sont actuellement exposées dans un musée de Pékin appartenant au groupe Poly. Depuis 2002, le Fonds du patrimoine national de Chine, un organisme non-gouvernemental, tente de récupérer des objets artistiques pillés.

Grâce au soutien d’un riche hommes d’affaires, ils ont pu racheter il y a
quelques années l’une des 12 têtes. Cependant, il n’exclut pas le recours à la voie diplomatique.

« Nous voulons rappeler à tout le monde que ces objets culturels doivent revenir en Chine et cela peut se produire grâce à des discussions et à une coopération », dit Niu Xianfeng, directeur adjoint du Fonds. Car le gouvernement chinois s’en tient a une position de principe: il réclame le retour des pièces pillées mais refuse de payer.

Pour Pékin, il ne s’agit pas seulement d’objets mais aussi de fierté nationale. « Depuis sa création jusqu’à son saccage, le Palais d’été est un
microcosme de l’histoire moderne de la Chine », explique Zong Tianliang,
porte-parole du parc public du Palais d’été.

« Quand le pays est fort, nous pouvons construire un parc qui reflète l’ingéniosité des Chinois. Mais quand le pouvoir est faible, nous souffrons de l’invasion des grandes puissances et le parc est détruit. Il porte la destinée de l’histoire moderne de la Chine », ajoute-t-il.

Weekend.be, avec Belga

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