Finie l’époque faste des folles nuits cannoises, place aux (petites) fêtes marketées

Uma Thurman et Caroline Scheufele, DA et co-présidente de Chopard, en 2015 à Cannes © REUTERS

A 02H30 tapantes, règlement arrêté municipal oblige, la fête est finie ! La Croisette et ses plages qui accueillent la plupart des soirées de films, s’endort. Au grand dam des festivaliers noctambules, nostalgiques de l’âge d’or des légendaires nuits cannoises.

La crise avant tout, mais aussi la pression des riverains soucieux de leur tranquillité, ont eu raison de la compétition que se sont livrés longtemps producteurs et distributeurs pour la soirée la plus extravagante.

Dans les mémoires, plusieurs fêtes dignes d’Hollywood chaque soir dans des villas, des baignoires remplies de punch, des décors de blockbusters transportés par avion cargo le temps d’une soirée, des feux d’artifices privés…

Mai 2006, aux abordes de la Da Vinci Code party
Mai 2006, aux abordes de la Da Vinci Code party © REUTERS

Seule Canal+, la chaîne française partenaire du festival, continuait d’entretenir la légende. L’an dernier, un millier d' »happy fews » s’étaient retrouvés dans une propriété de Mougins, près de Cannes, avec ses bassins XVIIIe, ses lustres grand siècle accrochés aux arbres, ses buffets felliniens et le champagne coulant à flots.

Le basketeur Dennis Rodman, au Carlton Beach, May, au cours du 53e Festival de Cannes FSP/RCS - RTR47LK
Le basketeur Dennis Rodman, au Carlton Beach, May, au cours du 53e Festival de Cannes FSP/RCS – RTR47LK© REUTERS

La décision du patron de Canal+, Vincent Bolloré de réduire la voilure et de supprimer ce grand événement mondain, a confirmé la tendance: les nuits du Festival se meurent un peu plus chaque année. « La situation a bien changé depuis 15 ans. Il n’y plus de sens de la fête », regrette Alain Grasset, responsable cinéma du journal français Le Parisien qui couvre son 32e festival. « Aujourd’hui, on a le droit à de petites fêtes clonées, sans folie, payées par des sponsors ».

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A l’image de la plage des glaces Magnum accueillant des interviews le jour et des fêtes de films le soir. Même stratégie pour la « Villa Schweppes », les cafés Nespresso ou Château Mouton Cadet. Une aubaine pour les producteurs.

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Le gratin chez Albane

La Quinzaine des réalisateurs, une sélection parallèle du Festival, a aussi annexé une plage pour fêter ses films. Reste à décrocher un bristol, de plus en plus précieux face à des capacités d’accueil réduites pour des fêtes qui se ressemblent. « Nous sommes à Cannes depuis quatre ans avec un budget de plusieurs centaines de milliers d’euros, l’équivalent d’une campagne de pub TV. En 2015, un milliard de contacts ont été générés sur les réseaux sociaux », explique à l’AFP Solenn Paillard, responsable de la marque Magnum qui distribue 20.000 glaces aux accrédités du Festival.

Béatrice Dalle et Mathilda May, à une soirée caritative cannoise, en 2002
Béatrice Dalle et Mathilda May, à une soirée caritative cannoise, en 2002 © Reuters

« L’industrie du cinéma a changé. Les fêtes ont évolué avec beaucoup moins d’événements dans des villas, mais il n’y a pas moins de fêtes », tempère le maire de Cannes, David Lisnard. « Ceux qui critiquent le plus, sont dans la nostalgie de leurs premiers festivals… ». « Les fêtes sont encouragées quand elles respectent les règles, notamment sur les nuisances sonores. Il y a trente ans, on se contentait d’un big band de jazz. Aujourd’hui, ce sont des sonos de 3.000 watts », ajoute-t-il.

Fournisseur de la Palme d’or, le joaillier Chopard continue de dépenser sans compter: sa fête est l’une des plus courues. Lundi soir, 800 invités triés sur le volet ont eu droit à un récital de Diana Ross dans un incroyable décor de jungle.

Chopard fournisseur officiel de la Palme
Chopard fournisseur officiel de la Palme © REUTERS

Le gratin du festival, stars internationales en tête dont Robert De Niro, Woody Allen, Sean Penn ou Ryan Gosling, se retrouve en petit comité chez « Albane ». Sur le toit d’un palace, Albane Cléret, la reine des nuits sélectes de Cannes, fait construire chaque année un club aussi chic qu’inaccessible. 800.000 euros investis pour onze nuits seulement, sponsorisés principalement par Moët et Chandon, BMW et Chopard. Le tout pour 300 happyfews dorés sur tranche qui ne déboursent pas un centime. « C’est un club de réseaux. Les gens discutent plus qu’ils ne dansent. Les producteurs et acteurs français rencontrent les Américains », explique à l’AFP Albane Cléret. « C’est là où beaucoup de choses se passent, avec du beau monde du cinéma et des médias », confirme le journaliste Alain Grasset.

Le maire de Cannes suggère aux festivaliers en mal de fêtes, d’oser s’égarer au-delà du périmètre accrédité pour fréquenter les bars et restaurants de Cannes: « c’est très sympa aussi! ».

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