Gaël Faye: « On doit se dépouiller de l’enfant qu’on a été, pour pouvoir s’inventer soi-même »

Compositeur, rappeur et primo-romancier, dans Petit Pays, Gaël Faye décrit une enfance dans l’étau de la guerre au Burundi. Comment tenir debout malgré tout ?

Burundi

Gaël Faye y naît en 1982. Sa maman est rwandaise, son papa français, « mais quand on est enfant, on est juste soi. C’est la société qui vous cantonne à une identité ». Tout comme son petit héros Gabi, il ne saisit par le divorce de ses parents et de son pays, pris par la guerre civile.  » L’écriture m’a permis de dénouer tous ces noeuds familiaux et ethniques. On doit se dépouiller de l’enfant qu’on a été, pour pouvoir s’inventer soi-même. »

Copains

Gaël Faye:
© DR

Quand la guerre est perçue à hauteur de gosse, elle a forcément une autre ampleur. Telle est la force du premier roman de Gaël Faye. Les gamins  » ne devraient pas se mêler de politique. Ils jouent à la guerre, mais ils ne sont pas censés la faire. » La bande qu’il décrit est très unie, or elle finit par être contaminée par le conflit des grands. Hutus ou Tutsis ? Chacun doit prendre parti. Pourquoi est-ce que tout implose ?

Écrire

Face à l’embrasement du Burundi, Faye est envoyé en France, à 13 ans. « La lecture et l’écriture sont devenues mes amies imaginaires. Elles m’ont sauvé ! » La musique sera le premier moyen d’expression de ce fan de hip-hop et de rap. Après la finance, à Londres, il se lance dans la chanson. « Je manquais de mots… Ce livre incarne une rencontre avec moi-même. »

Réparer

« Mon histoire m’a fait grandir plus tôt que les autres. » Gaël Faye refuse toutefois de s’encombrer de chagrin et de haine. « Ce roman retrace surtout le quotidien en temps de guerre. D’autant que la vie reprend ses droits après. » Ses racines africaines ne l’ont jamais quitté, or  » cette région souffre d’une vision déformée. Il n’y pas que de la violence là-bas, mais aussi une belle capacité à se relever ».

Avenir

« On peut être heureux au Rwanda ! » C’est là que Gaël Faye a décidé de s’installer. Le génocide est encore présent dans les esprits, mais  » j’ai envie d’entrevoir la lumière, afin d’offrir un avenir meilleur à mes filles ». L’auteur est persuadé que « le temps permet de panser les plaies, à condition d’avoir le courage de travailler sur soi. Alors que mon héros est empêtré dans son passé, j’ai pu m’en sortir grâce à une baguette magique : un stylo ».

Gaël Faye:
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Petit Pays, Gaël Faye, Grasset

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