Jean-François Spricigo: Aux noces du rêve et du réel

Nominé pour le Prix Découverte des 40es Rencontres de la photographie d’Arles, Jean-François Spricigo, 30 ans, traque la vie, fugace et fuyante. Sans relâche. Ses clichés condensent avec profondeur la belle et tragique complexité d’être au monde.

Nominé pour le Prix Découverte des 40es Rencontres de la photographie d’Arles, Jean-François Spricigo, 30 ans, traque la vie, fugace et fuyante. Sans relâche. Ses clichés condensent avec profondeur la belle et tragique complexité d’être au monde.

Il se dit Brellien, en colère. Contre la vulgarité, la violence faite à la langue, la modernité « qui fait passer les poètes pour des illuminés ». Jean-François Spricigo aime profondément la vie, sa matière première. Qu’il malaxe, mâche, grume, avale et recrache sous forme de pépites de réel dépolies au songe. Ses images ressemblent, selon ses propres mots, « à celles que l’on voit lorsque l’on ferme les yeux ». Gorgées de souvenirs du monde des vivants et métissées de mystères intérieurs, elles tiennent en équilibre sur le fil de la perception, à la fois spectrales et bien vissées à la terre. Avec leur part surprenante de magie et leur part assumée de banalité.

Au coeur de l’univers visuel simple mais jamais facile de cet artiste pluridisciplinaire (il pratique aussi le cinéma, le théâtre et l’écriture), vous croiserez aussi bien des animaux fragiles et désarmants, des jeunes femmes maquillées d’ombres et de lumière, des vieillards au seuil de la fin, des enfants à la belle aurore. Grainées comme le cuir, parcourues de traces, d’accidents, de fêlures, ses photographies en noirs profonds et blancs presque aveuglants dégagent mine de rien une puissance émotionnelle inouïe. Elles sont de celles, rares, qui restent gravées dans la mémoire, par-delà le flot insensé d’images qui délave nos pupilles. A contre-courant de l’esthétisation glamour et de la scène très en vogue de la photo conceptuelle « arty », Jean-François Spricigo entreprend avec un indéniable et singulier talent de projeter les principes de la photographie humaniste dans un XXIe siècle visuellement désabusé. Comme l’écrit son ami, le grand poète Marcel Moreau : « A une époque où, hélas, la frivolité flotte et règne, l’oeuvre de Jean-François fait face à cette frivolité, figure d’hérésie, ô combien nécessaire ».

BIO
Jean-François Spricigo est né en 1979. Après des études de photographie à l’Institut Saint-Luc à Tournai, sa ville natale, il est diplômé de l’Insas à Bruxelles, section image. Après quoi il est reçu directement en dernière année du cours Florent, à Paris. Artiste pluridisciplinaire, il a entre autres réalisé des courts-métrages, une série télévisée avec le collectif .joug (www.joug.org), créé et monté des pièces de théâtre et couvert en tant que photographe backstage les défilés parisiens de prêt-à-porter masculin pour la revue Idoménée. En 2008, il cumule les récompenses : lauréat photographe de la Fondation belge de la Vocation et lauréat photographe de l’Institut de France de l’Académie des Beaux-Arts. Il est représenté par la galerie Contretype à Bruxelles, la galerie Agathe Gaillard à Paris et la Simonis Gallery à Varsovie. Il vit entre Tournai et Paris où il enseigne à l’Esat la photographie et la prise de vue cinématographique.

ACTU
Sélectionné pour le prestigieux Prix Découverte aux 40e Rencontres Internationales de la photographie à Arles, il y exposera son travail du 7 juillet au 13 septembre prochains (www.rencontres-arles.com). Par ailleurs, jusqu’au 9 août prochain, il participe à l’exposition collective From Belgium dans les Jardins du Botanique à Bruxelles.

Baudouin Galler

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